Philippe Marbais qui a introduit notre cycle de conférences Focus climat a clairement illustré l’évolution climatique et a souligné le fait que les solutions ne peuvent exister qu’à l’échelle mondiale car tout est interrelié. Même si certains pays font de beaux efforts pour réduire leur production de gaz à effets de serre, si d’autres ne suivent pas la même voie, ces efforts ne seront pas couronnés de succès ou du moins les succès seront mitigés. La Belgique enregistre déjà aujourd’hui une augmentation de 2°C de la température et cela va certainement encore augmenter demain. À nous de tout mettre en place pour limiter cette augmentation.
Un autre exemple nous est donné par le marché du miel. L’affiche centrale de ce numéro d’Abeilles & Cie illustre très clairement les interactions existant entre les principaux pays importateurs de miel et les pays producteurs de miel. Tout est sans cesse en équilibre et si les prix descendent à un endroit, ils entrainent une chute des prix sur le marché mondial. En Europe, les apiculteurs du sud et de l’est pleurent vu leurs productions quasi inexistantes et des prix n’évoluant que pour des miels qu’ils n’ont pas pu produire.
Ces prix au plus bas devraient être réévalués si on enregistre une demande plus forte des consommateurs, ce qui semble être le cas suite au COVID. Pour cela, il faudrait cependant qu’elle ne soit pas compensée par un apport de produits frauduleux. Dans le domaine des fraudes, vu le niveau de technicité atteint par les fraudeurs, des contrôles plus adaptés et une traçabilité internationale devient indispensable. Comme pour le COVID, ces deux éléments : traçabilité et contrôles, restent les solutions immédiates les plus efficaces. Encore faut-il pouvoir les mettre en place.
Face à tout cela, certaines initiatives cherchent à améliorer la qualité des échanges internationaux pour un bien être général et non pour générer des profits individuels et immédiats. Il en va ainsi des groupes de travails ISO sur les produits de la ruche qui abordent plus particulièrement le miel, la propolis, le pollen et prochainement la gelée royale. Ils tentent de fixer des règles internationales visant de meilleurs contrôles et des seuils de qualité reconnus par tous. Ces notions de bien être et de durabilité sont également de plus en plus recherchées par les apiculteurs qui s’interrogent sur le futur de notre pratique apicole. Que veut-on développer ? Chez nous, la première réunion du groupe de réflexion sur une apiculture plus respectueuse des abeilles a été très constructive et prometteuse. Mais la réflexion se place également au niveau mondial. Ce sera d’ailleurs le thème de la prochaine journée Nord – Sud organisée avec l’asbl Miel Maya en collabora tion avec notre association fin novembre. Une belle occasion pour voir comment les apiculteurs d’autres c o n t i n e n t s appréhendent ces questions de durabilité.
Nous devons favoriser ces réflexions et actions allant vers l’ouverture aux autres dans la transparence et la recherche d’une compréhension mutuelle afin d’améliorer la situation et cela tant à l’échelle locale qu’à l’échelle mondiale.
Lors de notre dernière réunion du groupe de travail Miel du COPA-COGECA, les phénomènes de compétition entre les pollinisateurs sauvages et nos abeilles ont été signalés à côté des phénomènes climatiques et des prix comme faisant partie de problèmes qui deviennent prioritaires si l’on veut que les apiculteurs puissent continuer à exercer leur profession dans certaines zones d’Europe. Bien que ce point n’ait pas encore fait l’objet d’un débat au sein du groupe de travail, il est certain qu’on doit tout mettre en œuvre pour informer et agir sur base des données scientifiques existantes, pour limiter les risques réels présents. Il faut objectiver le débat et couper court à toute décision dogmatique ou populiste. C’est ce que nous avons tenté de faire dans le nouveau guide d’implantation des ruchers édité par la Région wallonne et qui devrait sortir pour la fin d’année.