Fiche - Varroa destructor, un parasite bien adapté

Julien Duwez

Varroa est présent en Belgique depuis 1984. Le parasite est présent naturellement chez Apis cerana, l’abeille orientale, et à cause de déplacements de colonies d’Apis mellifera, il a changé d’hôte et parasite maintenant les colonies d’abeilles mellifères dans le monde entier.

Jusqu’à peu, l’Australie avait pu rester indemne grâce à une politique très stricte d’importation, mais le parasite y est présent également. Varroa, et pour cause, est considéré comme un facteur crucial des pertes des colonies en Europe et aux États-Unis.

Comprendre son ennemi est la meilleure façon de lutter contre lui. Mais le connaissons-nous réellement ? Qui est-il et comment fonctionne-t-il ?

Carte d’identité de Varroa destructor


Varroa destructor fait partie de l’embranchement des Arthropodes. Ses 8 pattes, ses chélicères et ses pédipalpes font de lui un membre des Chélicérates tout comme les araignées et les scorpions.

Cet ectoparasite 1 est reconnaissable par sa couleur brun-rouge et sa forme ovale aplatie et à ses pattes sur le côté. Il mesure en moyenne 1,17 mm de long pour 1,7 mm de large. A titre de comparaison, un Varroa sur une abeille correspond en taille à un petit lapin accroché a un humain. Varroa présente un dimorphisme sexuel. Le corps du mâle a une forme de poire, est plus petit et ne possède pas de carapace à la différence de celui d’une femelle adulte. Le mâle, tout comme les formes immatures, sont de couleur blanchâtre à beige et ne sont visibles que dans le couvain operculé.

Varroa se nourrit non pas de l’hémolymphe des abeilles mais bien des corps gras comme le prouve leur système digestif et leurs pièces buccales, adaptées à un régime semi-solide.
Leurs déjections, riches en protéines et faibles en eau, renforcent cette dernière hypothèse.

Un système olfactif très développé

Varroa perçoit la lumière et les vibrations mais les fondatrices se dirigent majoritairement via la perception de
composés olfactifs. L’entièreté du corps est couvert de poils permettant de capter les informations chimiques et mécaniques de l’environnement.
Lorsqu’une fondatrice émerge d’une cellule sur une jeune abeille, elle changera d’hôte pour infester de préférence une nourrice, qui se déplace sur le couvain ouvert. Ce choix d’un hôte d’âge adéquat permet à Varroa d’augmenter son succès reproducteur. Il semblerait qu’il soit capable de distinguer la signature chimique de la cuticule des ouvrières, qui varie en fonction de l’âge de l’abeille. D’autres composés olfactifs sont perçus par Varroa et ont des effets attractifs, ou répulsifs comme la gelée royale. Sa préférence pour le couvain de faux-bourdons, évalué actuellement à 5 fois plus attractif que celui d’ouvrières, serait due à deux facteurs : la plus forte production de phéromones par les larves de faux-bourdons et un soin plus fréquent par les nourrices porteuses du parasite.

Ces phéromones sont produites par les larves pour induire l’operculation de la cellule et perçues par Varroa pour qu’il rentre au moment opportun dans la cellule.

Un cycle de développement adapté à son hôte

Le cycle de vie de Varroa est étroitement lié à celui de l’abeille. Il est divisé en deux phases distinctes : une phase de dispersion, appelée à tort phase de phorésie 2 , et une phase de reproduction.


La phase de dispersion dure entre 4,5 et 11 jours et permet la maturation du sperme chez les jeunes fondatrices ainsi que la propagation d’une colonie à l’autre. Durant cette phase, la fondatrice se nourrit et se cache sous les sternites de l’abeille mâle et femelle pour tenter d’échapper au comportement d’épouillage de son hôte. La femelle adulte est ainsi transportée jusqu’à une autre cellule de couvain ou à une autre colonie.

La phase de reproduction se déroule dans les cellules de couvain d’ouvrière et de faux-bourdon. Quelques heures après l’operculation de la cellule, lorsque la larve a consommé l’ensemble de sa gelée nourricière, la fondatrice va quitter le fond de la cellule où elle s’était réfugiée pour grimper sur la larve et commencer à se nourrir. Elle pondra ensuite un premier œuf non fécondé qui deviendra un mâle. Les œufs suivants seront pondus à intervalle de 30 heures et donneront des femelles. Après environ 6 jours, la première femelle est
mature et pourra se faire féconder par son frère. Dans le couvain d’ouvrière, 12 jours d’operculation permettent de produire de 0,7 à 1,45 filles matures. Le couvain de faux-bourdon permettrait quant à lui de produire 1,6 à 3,5 filles matures. A noter que d’après le modèle de dynamique des populations de
Varroa, par Randy Oliver 3 , environ 80 % des Varroas produits durant une saison se sont développés dans une cellule de faux-bourdons.

De par ses capacités adaptatives impressionnantes et son cycle parfaitement lié à celui de son hôte, Varroa
est un ennemi redoutable qui doit être mieux compris pour être mieux appréhendé.

La prochaine fiche traitera des différents facteurs qui influencent la dynamique de population de Varroa.

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