Michel PONCELET
Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth-Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille-Lesse-Semois (Belgique). Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.
Préalablement à toutes considérations, je dirais qu’il est devenu indispensable de réaliser le test « abeille hygiénique » pour tout élevage de reines. C’est une garantie de succès : il va de soi qu’élever des abeilles hygiéniques c’est tout de même mieux que élever des abeilles qui ne le sont pas ! Nous pensons, à H.L.S, que c’est devenu une nécessité vitale. Merci à ceux qui nous ont initiés.
Pour répondre à votre question je dirais que tout dépend de l’intensité de la varroatose et de la charge virale qui l’accompagne (couvain mort). Cette année, je pense que les demi-mesures ne sont pas pour moi.
J’ai placé des cagettes Scalvini le 10 juin. Le 4 juillet, je libérerai les reines et ferai le traitement à l’acide oxalique. En procédant de la sorte, je serai à même de voir s’il ne reste pas de couvain mort. Il est fort probable qu’à cette date, et même peut-être avant, j’aurai fait un essaim nu sur nouvelles cires. Parallèlement, je fais un élevage de reines. Celles-ci pourront remplacer les vieilles reines. Il va de soi que cela se fait après avoir retiré les hausses. Cette année, en ce 15 juin, la récolte est déjà très abondante.
Marc EYLENBOSCH
Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon (Belgique). Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.
Ces dernières années, j’ai fait le traitement anti-varroa d’été de mes colonies au moyen de différents produits à base de thymol. Comme ces produits semblent maintenant n’être plus suffisamment efficaces, je prévois de faire un traitement d’été à l’acide oxalique par dégouttement après avoir isolé la reine de manière à n’avoir plus de couvain fermé lors du traitement.
J’avais déjà essayé la méthode dite « allemande » qui consistait à placer la reine dans une hausse sous la colonie avec une grille à reine empêchant sa remontée dans le corps de ruche. De cette façon, après 21 jours il n’y a plus de couvain ouvert dans le corps de ruche. On évacue le couvain pondu dans la hausse sous la ruche et on peut faire un traitement par dégouttement ou pulvérisation sur les abeilles porteuses des varroas qui ne peuvent plus se réfugier dans le couvain. Cette méthode est évidemment plus laborieuse à utiliser que les diffuseurs de thymol et on a pu constater quelques pertes de reines (1 sur 15 dans mon cas).
Cette année, je vais essayer la même technique, mais en isolant la reine au milieu de son couvain au moyen de la cagette Scalvini. Il n’y aura ainsi pas de couvain à détruire et la reine restera « à sa place ». Je pense placer ces cagettes vers le début du mois de juillet. Ainsi, toutes les abeilles qui ne seront plus occupées à soigner le couvain devraient se convertir plus vite en butineuses et maximiser ainsi la récolte. Vers le 25 juillet, je pourrai faire ma récolte, appliquer le traitement à l’acide oxalique et libérer la reine. Il lui restera ainsi un peu de bon temps pour reprendre sa ponte et permettre la naissance d’abeilles « d’hiver » débarrassées du varroa. On croise les doigts !
François RONGVAUX
Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxembourg (Belgique). Eleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.
Après concertation avec mon vétérinaire (français), lequel est également apiculteur et fournit en produits de traitement les OSAD (Organisations Sanitaires Apicoles Départementales) en Lorraine, pour moi-même et les membres de ma section, je reste sur un traitement d’été à l’Apivar.
Pour beaucoup de petits apiculteurs, il faut un moyen de traitement simple qui garantisse une bonne efficacité. Si le traitement est compliqué, il ne sera pas fait, d’autant que beaucoup zappent le traitement d’hiver. J’insiste évidemment sur la nécessité du respect des conditions d’utilisation du produit : pose des lanières dès la fin juillet ou début août et leur retrait après dix semaines.
Yves LAYEC
Pratique l’apiculture, depuis longtemps, dans le Nord-Finistère. Actuellement, bon an mal an, une cinquantaine de ruches Dadant 10 cadres en ruchers sédentaires. Pratique élevage de reines avec des abeilles du Finistère.Membre des conseils d’administration du GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole) du Finistère, et de la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales).
La miellée étant en général terminée (sauf ici ou là sur la bruyère et le sarrasin) la récolte peut être faite dès la mi-août. Les traitements anti-varroa, proposés par notre GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole), sont mis en place dans la deuxième quinzaine d’août. Il s’agit généralement de traitements à base d’amitraze ou, pour alterner, de tau-fluvalinate.
Dans les ruchers où il est espéré une récolte (un peu) plus tardive (bruyère ou sarrasin) l’utilisation de cadres à mâles jusqu’en juillet permet de baisser la pression du varroa, et dans ce cas le traitement est réalisé au plus tard en deuxième semaine de septembre.
François GODET
Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconversion Dadant 10 cadres vers des Warré auto-construites dans la Province de Namur (Belgique). A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Elève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.
Cette année, je vais encore travailler par la rupture de ponte et ce dès la fin juin. Ma pratique est guidée par le constat que des années de traitements chimiques ou médicamenteux apportent de moins en moins d’effets mais polluent les cires et par mon désir de travailler avec les élans naturels de l’abeille.
L’abeille dans la nature a recourt à des techniques simples : essaimage et désertion de l’habitat. L’essaimage crée une rupture de ponte qui casse le cycle de développement de varroa. Il apparaît également qu’après quelques années dans une même cavité naturelle, les colonies désertent celles-ci durant une ou deux saisons, créant ainsi une période de vide sanitaire.
Les données récoltées par les balances du CARI font apparaître que dans nos régions du sud de la Belgique, les colonies montent en poids jusqu’à la première quinzaine de juillet (entre le 4 et 15) et que passée cette date, elles consomment plus qu’elles ne récoltent. Afin de faire hiverner mes colonies avec leur miel plus qu’avec des sucres de substitution, je vais cesser toute récolte avant la fin juin et dans la foulée, afin d’éviter l’engorgement de ruches connaissant encore une forte ponte, je vais diviser mes colonies.
La division de colonie sans élevage de reine est la technique de reproduction que j’ai adoptée dès le début. A ce jour, 82,5 % des remérages ont réussi. Obtenir des reines de sauveté ne me semble pas être un problème en comparaison à des reines d’élevage remplacées tous les 2 ans, voire annuellement.
La ruche remérée aura eu une rupture de ponte effective ; la ruche ayant conservé la reine pas. Si l’année suivante je constate que cette dernière ne se développe pas suffisamment, pour cause de varroase ou autre, je rétrécirai son volume à 1 élément Warré afin de l’amener à essaimer pour obtenir des colonies rafraîchies par une rupture de ponte.
Il n’est pas question pour moi d’éradiquer varroa - ce qui serait de toute façon impossible - mais de le contenir en aidant l’abeille à y faire face par ses forces propres. Les pistes que j’explore aujourd’hui incluent par ailleurs la phytothérapie, l’homéopathie, la qualité de la zone de butinage et la qualité de l’environnement immédiat (préparations biodynamiques autour des ruchers).
Mais avant ces « plus », il faut se pencher sur un fondamental : la nutrition. Une étude récente de l’université de Hasselt indique que nos abeilles d’hiver sont carencées en protéines (qualité et pénurie de pollen en fin de saison). Cette pauvreté en protéine aurait-elle aussi un impact sur la résistance des abeilles
Nicole RUSSIER et Bertrand THERY
Couple d’apiculteurs en Ariège (France). Ont conduit pendant 40 ans 400 ruches de 1985 à 2013 en production de miels de la flore sauvage des Pyrénées (acacia, tilleul, rhododendron, châtaignier, sapin, bruyère callune). Poursuivent leur activité mais de manière réduite aujourd’hui.
Nous ne traitons pas en été contre varroa, la dernière miellée se terminant début septembre.
Elisabeth BRESSON
Apicultrice professionnelle depuis plus de 30 ans dans le Gers (France). Travaille en GAEC avec son fils Benjamin depuis 2012. A l’exploitation : 500 ruches, 300 ruchettes et 150 nuclei de fécondation. Pratique l’élevage de reines. Production de miel (principalement) et d’essaims.
Dès la récolte des dernières hausses nous traitons nos ruches contre le varroa en plaçant 2 lanières d’Apivar dans chaque ruche. Pour un bon hivernage il faut des abeilles saines. Aucun traitement varroa n’est appliqué en saison sur les ruches en production.