Les pays ayant participé à l’action coordonnée de l’UE pour échantillonner le miel importé
Le nombre d’échantillons par pays a été calculé sur base des statistiques des contrôles passés. Les pays ayant subi le plus de contrôles suspects ont été les plus « observés » par l’opération 2021-2022, même si certains pays ont moins joué le jeu que d’autres (cf. Allemagne).
L’UE est le deuxième importateur mondial de miel (après les États-Unis) avec 30 % des importations mondiales de miel. Les principaux États membres importateurs sont l’Allemagne, la Pologne, la Belgique et l’Espagne. Ces 4 pays ont également été le plus souvent l’objet de contrôles suspects (cf. les objectifs d’échantillonnage). Comme la majeure partie du miel importé est utilisée dans des mélanges et commercialisée au détail sous des noms de marque (c’est le cas de 80 % des miels vendus au détail), la traçabilité est extrêmement difficile une fois le produit dans la chaîne commerciale.
Les pays exportateurs vers l’UE et les pays membres importateurs
Sur les 320 échantillons reçus des autorités compétentes des États membres de l’UE, 147 (soit 46 %) ont été suspectés d’être non conformes aux dispositions de la Directive européenne 2001/110/CE sur le miel. Cela signifie qu’au moins un marqueur de sources étrangères de sucre a été détecté dans ces lots. Les techniques utilisées ont fourni des informations qualitatives (présence/absence de marqueurs). Il n’a pas été possible d’estimer le niveau de sirops exogènes présents dans le miel.
Enquêtes et techniques frauduleuses révélées
Des enquêtes ont été ensuite menées par les autorités des États membres et des États de l’AELE à propos des lieux d’importation, de transformation, de mélange et d’emballage. Ces enquêtes étaient destinées à confirmer les soupçons de non-conformité, à établir les responsabilités de l’opérateur et à dissuader ceux qui, volontairement et en toute connaissance de cause, mettent du miel frelaté sur le marché de l’UE. Sur 63 opérateurs concernés par l’importation d’au moins un envoi suspect, 44 ont fait l’objet d’une enquête complémentaire à ce jour dont 7 ont déjà été sanctionnés. Les techniques frauduleuses suivantes ont été révélées :
• L’utilisation de sirops de sucre pour falsifier le miel et faire baisser son prix ;
• Le recours régulier à des laboratoires accrédités par l’UE pour adapter les mélanges miel/sucre afin d’éviter la détection par les clients et les autorités officielles avant le début des opérations d’importation ;
• L’utilisation d’additifs et de colorants pour imiter les sources botaniques du miel ;
• Le masquage délibéré de la véritable origine géographique du miel en falsifiant les informations de traçabilité.
Méthodes d’analyse utilisées et détections
Le Centre commun de recherche (JRC) a utilisé plusieurs méthodes pour détecter le miel suspecté de contenir du ou des sirop(s) de sucre ajouté(s).
Ces méthodes sont plus fines et efficaces que celles utilisées lors d’un précédent plan de contrôle coordonné à l’échelle de l’UE mené en 2015-2017. À l’époque, seulement 14 % des échantillons analysés ne respectaient pas les critères de référence établis pour évaluer l’authenticité du miel. Concernant le récent contrôle, le Centre commun de recherche (JRC)a pu mettre en évidence que les sirops de sucre à base d’amidon de maïs ou de canne à sucre ne sont plus utilisés pour couper le miel. Ils sont remplacés par des sirops fabriqués principalement à partir de riz, de blé ou de betterave à sucre. Il reste à améliorer et harmoniser les méthodes d’analyse pour accroître la capacité des laboratoires de contrôle officiels à détecter le miel frelaté avec des sirops de sucre « sur mesure » qui imitent le profil de sucres caractéristiques du miel véritable. Une fois disponibles, ces méthodes de détection améliorées constitueront un moyen de dissuasion efficace pour réduire les opportunités de fraude dans le commerce international du miel.
La récente action coordonnée de l’UE a confirmé l’hypothèse selon laquelle une part importante du miel importé de pays tiers et mis sur le marché de l’UE est suspectée de ne pas être conforme aux dispositions de la Directive européenne sur le miel 2001/110/CE et reste la plupart du temps non détectée et pour partie non détectable avec les moyens techniques disponibles actuellement. Une collaboration active de toutes les parties prenantes pour identifier et combattre les pratiques trompeuses ou frauduleuses dans le commerce du miel est nécessaire. Un renforcement du contrôle officiel, une amélioration des techniques de détection et la mise en place de meilleures garanties d’authenticité du miel importé dans l’Union européenne sont à l’ordre du jour pour la protection des consommateurs et de la filière apicole européenne qu’il est nécessaire de préserver d’une concurrence déloyale. Espérons que le résultat de cette opération de contrôle stimulera une révision de la Directive européenne sur le miel 2001/110/CE dans le sens de plus de traçabilité réelle et efficace.
Sources :
- Informations sur le site internet de la DG Santé : https://food.ec.europa.eu/safety/eu-agri-food-fraud-network/eu-coordinated-actions/honey-2021-2022_en
- DG SANTE report : Sampling, investigations and results
- https://food.ec.europa.eu/system/files/2023-03/official-controls_food-fraud_2021-2_honey_report_euca.pdf
- JRC Technical report : Analytical testing of imported honey https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/handle/JRC130227
Ždiniaková, T., Loerchner, C., De Rudder, O., Dimitrova, T., Kaklamanos, G., Breidbach, A., Respaldiza Hidalgo, M.A., Vaz Silva, I.M., Paiano, V., Ulberth, F. and Maquet, A., EU Coordinated action to deter certain fraudulent practices in the honey sector, EUR 31461 EN, Publications Office of the European Union, Luxembourg, 2023, ISBN 978-92-68-01292-5, doi:10.2760/184511, JRC130227.