FICHE PEDAGOGIQUE : Le système glandulaire.5 - La glande de Dufour

Agnès FAYET

La glande de Dufour ne se rencontre que chez les reines (0,27 mm de diamètre et entre 2,45 à 2,77 mm de long) et les ouvrières (entre 0,13 et 0,17 mm de diamètre et entre 0,83 et 1,06 mm de long). Elle est absente chez les mâles. La glande de Dufour se trouve à la base de l’appareil vulnérant. Comme la glande à venin, elle est reliée au réservoir à venin.

Elle est impliquée à plusieurs niveaux :

  • Production des phéromones d’alarme ;
  • Production d’un lubrifiant de l’aiguillon (Gunnison et Morse, 1968) ;
  • Enrobage des œufs (Dufour, 1835, Trojan, 1930, Snodgrass, 1925) ;
  • Production de la phéromone de marquage des œufs (Ratnieks, 1995) qui permet la discrimination entre les œufs des reines et des ouvrières ;
  • Communication sociale (Hefetz, 1987).

Structure de la glande de Dufour

La glande Dufour est ouverte à l’extérieur du bulbe de l’appareil vulnérant, probablement près des lancettes, dans la paroi vaginale dorsale (de Lello, 1976, Billen, 1987). La sortie est très étroite et proche de la zone de la cuticule appelée « membrane de Setosa » d’où sont libérées les phéromones. La glande de Dufour est un sac épithélial non apparié et non ramifié. L’épithélium glandulaire est constitué d’une seule couche de cellules épithéliales recouverte d’une cuticule. A la surface, des muscles déchargent la sécrétion de la glande qui débouche dans la paroi vaginale dorsale.

En outre, la glande de Dufour dispose de propriétés fongistatiques, bactériostatiques et nématoci- des comme chez tous les insectes sociaux (Rosengaus et al., 2000). On peut résumer en disant que la glande de Dufour sécrète des composés qui sont utilisés pour défendre la colonie à tous les niveaux. On retrouve cette sécrétion à l’extrémité de l’abdomen des reines, sur les œufs et les parois des cellules.

Pointe de l’abdomen d’une abeille ouvrière
Position de la glande de Dufour
Adam Tofilski - www.honeybee.drawwing.org

Composition chimique

Une spécificité de caste s’exprime également dans la composition de la sécrétion produite par la glande de Dufour. Les reines possèdent des esters à longue chaîne qui ne se retrouvent pas dans les sécrétions des ouvrières. Ces esters spécifiques aux reines permettraient de marquer la colonie pour que les ouvrières reconnaissent leur reine pour assurer la cohésion sociale de la colonie.

Elle est également impliquée dans la reproduction chez les reines. Il y aurait une corrélation entre le développement de l’ovaire et la quantité et la qualité de la sécrétion de la glande de Dufour. Dans le cadre de l’insémination instrumentale, la quantité de sperme inséminé modifie significativement le profil chimique de la glande de Dufour de la reine. La quantité d’esters et d’hydrocarbures est significativement différente chez les reines vierges, les reines inséminées avec le sperme d’un seul mâle (SDI) et celles inséminées avec le sperme de plusieurs mâles (MDI) (Richard et al., 2011) :


La position de la sortie de la glande de Dufour - (vue latérale)
d’après Martin et al., 2005

Si les sécrétions des ouvrières dans les colonies orphelines ont des compositions chimiques plus variables que les sécrétions des ouvrières en présence d’une reine, elles sont très différentes de celle produite par la glande de Dufour royale (Katav-Gozansky et al. 1997). La composition de la sécrétion de la reine peut elle-même différer à certains stades : après l’insémination et en début de ponte par exemple. La sécrétion des ouvrières pondeuses inhiberait le développement des ovaires chez les autres ouvrières.


Bibliographie

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