Michel PONCELET
Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille Lesse-Semois. Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.
Mes priorités vont à mes 24 colonies de production intensive et aux 6 colonies réservées à l’élevage de reines et à la constitution de nucléi. Elles sont scindées en deux ruchers.
Pour l’organisation de mon travail, c’est relativement simple : pas de surveillance d‘essaimage, pas d‘intervention inutile, pas de nourrissement spéculatif, pas de candi de survie... Simplement le loisir d‘attendre et de choisir le bon moment pour placer les hausses... Très très peu d‘essaims. Chez moi, pas de ramasse-essaim. Mes reines sont marquées, numérotées et clippées. Cela me permet occasionnellement de réparer un échec. Je souhaite grand bien à celui qui récupère les essaims que je perds. Voici ma façon de procéder qui m‘a permis de faire mon métier sans souci.
Jean-Paul DEMONCEAU
A découvert l’apiculture très tôt (20 colonies dès l’adolescence). Elève aujourd’hui une centaine de colonies pour la récolte de miel en transhumance. Pratique une apiculture intensive. Son objectif : un minimum de colonies de production pour une récolte maximale. Président de la section d’apiculture de la Berwinne.
Tout apiculteur sait que la saison apicole chez nous est courte mais intense. Nous devons tout mettre en œuvre pour la réussir. En ce qui me concerne, les colonies à transhumer sont préparées, renforcées en abeilles si nécessaire en vue des premières miellées de colza et de fruitiers.
S‘organiser n‘est pas facile, on prévoit bien chaque soir le travail pour le lendemain mais des impondérables viennent souvent modifier le planning. Il faudrait pouvoir faire plusieurs choses simultanément. Le travail est très diversifié cela va du déplacement des colo nies, de la gestion de l‘essaimage, des récoltes de miel, de la préparation des ruchettes d‘élevage, de la formation des starters, des enlarvements, de la distribution des reines dans les nucléi et la liste n‘est pas exhaustive.
Le travail se fait malgré tout avec plaisir car la passion l‘emporte sur la raison.
Marc EYLENBOSCH
Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon. Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.
A partir du mois d’avril jusqu’à fin juin, je visite mes colonies chaque semaine. En avril, cela me permet de suivre au mieux le développement des colonies et d’agrandir progressivement le nid à couvain en ajoutant des cires gaufrées. Le cadre à mâles est également placé à ce moment et sera recoupé à trois reprises. En mai - juin les visites heb domadaires me permettent de contrôler les velléités d’essaimage : si je vois des cellules royales, je les détruis pour pré venir l’essaimage. Souvent je constate qu’après une ou deux découpes de cel lules royales, la fièvre d’essaimage est passée. A priori je ne retire donc pas de cadres de couvain pour freiner l’essaimage car je veux garder des colonies fortes pour maximiser la récolte de miel.
En mai - juin, je prélève un seul cadre de couvain avec ses abeilles par ruche de production et je rassemble deux de ces cadres de couvain dans une ruchette. J’y introduis ensuite une cellule royale sélectionnée et je laisse ces ruchettes se développer. Ces ruchettes me serviront en fin de saison pour remplacer les reines de plus de deux ans et pour renforcer les colonies de production avant l’hiver. Des colonies très fortes passeront mieux l’hiver et démarreront plus vite au printemps suivant.
A partir de juillet, je ne visite plus systématiquement mes colonies chaque semaine ; la période d’essaimage est en principe terminée et je laisse les abeilles finaliser la récolte d’été.
Frédéric CALMANT
Youtuber, bloggeur, amoureux de la nature et apiculteur dans le Condroz hutois. Biochimiste de formation et un peu touche-à-tout, le pragmatisme a sa place dans son apiculture. Outre la production de miel, l’élevage et la constitution d’essaims remportent ses faveurs. http://blog.exometeofraiture.net / https://www.youtube.com/user/fcalmant
Les priorités en saison se situent surtout au niveau de la gestion de l‘essaimage. Je visite chaque colonie tous les 6 - 7 jours. La présence de la reine est vérifiée et les éventuelles cellules royales détruites. Si malgré la bonne gestion (ajout de cadres à bâtir, de hausses supplémentaires, ponction de cadres de couvain,...), la fièvre persiste plus de 2 visites, la reine est mise en ruchette avec un petit essaim sur 3 cadres et la souche est remérée avec une jeune reine de l‘année. Je consulte régulièrement la météo afin de gérer au mieux le planning des visites. Des contre-temps ou une cellule royale oubliée peuvent mener malgré tout à l‘essaimage ; le clippage des reines apporte un gain de temps appréciable. Nul besoin de grimper aux arbres, de déplacer les ruchettes,...
Le suivi des miellées est également prioritaire. Sur une miellée puissante et en abeilles Buckfast, il n‘est pas rare de devoir ajouter une hausse tous les 2 jours !
Enfin, l‘élevage de reines me prend une grande partie de mon planning apicole. Et comme les opérations doivent se faire en suivant un timing très précis, il faut pouvoir jongler avec les dates et anticiper avant de lancer une série de picking. Un tableur Excel, calculant automatiquement les dates clés, est bien utile ! La saison est brève mais intense, la rigueur est indispensable pour éviter les pertes de temps et les opérations parfois inutiles.
François RONGVAUX
Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxem bourg. Eleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.
Mon activité apicole recouvre deux secteurs différents qu’il faut concilier :
• Gestion des colonies de production de miel
• Elevage de reines et constitution de nouvelles colonies
Un planning saisonnier est nécessaire, mais doit évidemment être adapté en fonction de la météo et du développe ment des colonies.
Gestion des colonies productrices de miel
Par observation au trou de vol ou en soulevant simplement le couvre-cadres, avec l’expérience, on se rend vite compte du développement et des besoins de la colonie : nécessité d’agrandir, problème de reine, de développement… et qui demande évidemment une intervention rapide. Les opérations importantes, comme extraction du miel, traitement contre varroa, nourrissement, renouvellement des reines, sont programmées plusieurs jours ou semaines d’avance.
Elevage de reines
Dès que l’élevage est démarré, les différentes opérations s’enchainent automatiquement sans pouvoir les reporter, même d’une journée :
• picking tous les 5 jours,
• enlèvement des cellules operculées et mise en couveuse électrique,
• renforcement tous les dix jours des éleveuses par un cadre de couvain naissant
• après 5 ou 6 jours de couveuse, distri bution des cellules dans les miniplus ou les ruchettes,
• 2 ou 3 jours plus tard, vérification des naissances et marquage de la reine au marqueur,
• 10 à 15 jours plus tard (selon la météo), vérification de la ponte, mar quage définitif et agrandissement par cire gaufrée,
• après 20 jours de ponte, la jeune reine est enlevée et remplacée par une cel lule naissante,
• nourrissement à chaque opération si la météo ne permet pas l’auto approvisionnement.
Les délais notés en regard de chaque opération sont de rigueur,
• En fin de saison, réunion des miniplus.
François GODET
Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconver sion Dadant 10 cadres vers des Warré auto construites dans la Province de Namur. A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Elève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.
Mes objectifs sont de trouver un équilibre entre 3 éléments :
(1) une conduite en harmonie avec la nature de l’abeille (http://www.bio-dynamie.org/biodynamie/apiculture-en-biodynamie/) afin de retrouver des colonies toniques,
(2) une rentabilité économique qui n’épuise pas les colonies et me suffise et également
(3) le temps dont je dispose.
Un des éléments clé de la conduite que je pratique est la reproduction des colo nies par l’essaimage accompagné ou la division des colonies, avec comme corollaire, une phase de rupture de ponte qui ralentit varroa. Ma priorité stratégique est donc de planifier cette reproduction des colonies en les sélectionnant en fonction de leurs performances passées et de leur tonicité printanière.
L’évaluation des performances passées se base sur l’estimation moyenne de la durée de production d’une reine. Les reines actuelles sont de plus en plus faibles : d’une durée de vie théorique de 5 années (les 5 couleurs de marquage), nous sommes confrontés dans la pratique à des reines qui sont épuisées après 2 années, certains apiculteurs les remplacent même annuellement. Partant de ce constat, je considère qu’une reine dont la colonie a bien produit l’année précédente devrait s’effondrer cette année. La colonie de cette reine sera maintenue confinée (ex. 2 éléments Warré = 38 l ou Dadant 6 cadres) de manière à l’amener en fièvre d’essai mage.
Si je peux accompagner l’essaimage, je me retrouve avec 2 colonies. La nouvelle colonie devra hiverner sur 3 éléments Warré (54 l) tout comme celle de l’ancienne reine. Les éventuels éléments supplémentaires pourront être récoltés. Si j’interviens trop tard dans le processus d’essaimage, j’ai toujours l’espoir de récupérer l’essaim dans une des ruches appâts que j’ai installé. Je ne considère pas comme perdu un essaim non récupéré : il retourne à un état féral et s’il survit il remettra dans notre environne ment des abeilles toniques.
Cette approche nécessite de déployer plus de ruches qu’une conduite plus intensive. Ceci ne me pose pas de pro blème car je dispose d’une surface au sol suffisante et surtout, mes ruches étant auto-construites en partie avec du maté riel de récupération, elles me reviennent à moins de 30 ¤ pièce (5 à 6 ¤ pour les ruches appâts).
Pour le reste, au niveau du quotidien, je suis un calendrier classique qui comprend l’entretien du matériel, les visites (de printemps + une visite complète de chaque colonie mais peu d’ouverture durant la saison) et en principe une récolte par an. Les balances du CARI nous indiquent que les ruches cessent de prendre du poids durant la première quinzaine de juillet. Ceci signifie que dès ce moment, elles consomment plus qu’elles n’emmagasinent et nous devrons suppléer par des nourrissements. Je ne cherche donc pas à récolter sur la miellée d’été.
Léandre GOYDADIN
Apiculteur professionnel en Haute-Saône avec 300 ruches en production de miel sans transhumance et environ 150 essaims/ an. Je travaille beaucoup avec la Buckfast, achat et élevage sur souches sélectionnées, j‘utilise la Dadant 10 cadres (quelques 12 cadres aussi) et les ruchettes sont en 6 cadres. J‘ai encore quelques 5 cadres mais je trouve le volume trop petit pour hiverner.
Accessoirement Youtuber : gOAdee « Une Saison Aux Abeilles » http://www.unesaisonauxabeilles.com/
L‘organisation du travail en pleine saison est régie par les trois miellées sur lesquelles mes ruches font du miel : printemps, acacia, fleurs d‘été (je rappelle que je ne transhume pas). En effet, il est primordial de ne pas rater la transition printemps/acacia : il faut éviter une cristallisation rapide du miel de printemps et donc l‘extraire assez vite. La miellée d‘acacia, elle, peut être extrême ment rapide les premiers jours : il faut avoir placé les hausses vides et propres très vite. La récolte est décisive aussi pour ne pas, comme en 2017, avoir des fleurs d‘été, miel plutôt foncé, mélangé à l‘acacia.
En dehors de ces trois miellées, les deux priorités sont l‘élevage et la lutte contre l‘essaimage en ôtant les cellules royales de façon hebdomadaire. Cependant, je juge cette pratique trop intrusive pour les colonie d‘abeilles et pour 2018 je réfléchis à d‘autres moyens de conduites
Pour les moyens utilisés : les ruches sont suivies via mon registre d‘élevage et un simple agenda me sert de repère pour les dates de greffage/introduction/contrôle de ponte. Le jour du greffage, je note immédiatement le jour d‘émergence et le jour de contrôle de chaque série.