Il est vrai que l’incertitude croissante de notre monde justifie la prudence avec laquelle nous devons agir. Vu la multiplication des évènements extrêmes et les modifications fréquentes que nous devons appliquer pour réussir à maintenir nos colonies en bonne santé, faire de l’apiculture demande de plus en plus d’observation, d’écoute et un savoir faire non plus basé sur des recettes de cuisine mais bien sur une connaissance fondamentale des besoins des abeilles. Là, l’information évolue rapidement et de plus en plus d’études cherchent à mieux cerner le mode de fonctionnement des colonies et le maintien de leur système immunitaire tellement important pour leur permettre de faire face aux agents pathogènes omniprésents dans l‘environnement.
Vers de nouveaux services
Il semble clair que demain, l’individualisme sera de plus en plus difficile et que de nouvelles structures d’entraide entre apiculteurs devront voir le jour. Chacun agira individuellement mais avec une série d’outils communs qui aide ront à faire les bons choix. Tout devra se faire en prenant en compte l’impact carbone de chaque action et le main tien de la biodiversité qui constituera un des enjeux essentiels. Ainsi les grands ruchers transhumés sur de longues dis tances dans des zones à regroupements importants de colonies ne seront plus à l’ordre du jour. On s’orientera plus sur des micro-transhumances choisies en fonction des conditions environnementales que les modèles pourront prévoir comme favorables. De là l’importance de trouver les bonnes modalités de gestion de ces mouvements pour éviter de sursaturer l’environnement avec des conséquences non seulement sur les récoltes mais également sur les compétitions entre pollinisateurs et au final sur l’image de l’apiculture.
Vu la grande variabilité des miellées qui passera d’un facteur 3 à un facteur au moins deux fois supérieur, il faudra probablement prévoir de nouvelles structures de stockage des excédents de miels les bonnes années afin de pouvoir continuer à répondre aux besoins des consommateurs les années plus pauvres. Les produits des apiculteurs devraient trouver une place de choix dans les circuits d’écoulement locaux de produits du terroir axés sur une traçabilité totale, le respect de la nature et de la qualité. Le savoir faire de nos apiculteurs dans un profond respect de l‘environnement et de la qualité de leurs produits sera une des clés de leur réussite. Ils deviendront partenaires des agriculteurs travaillant dans le même esprit et de nouvelles synergies pourront voir le jour.
Des pôles locaux d’actions
Mais où se situent nos structures apicoles dans ces démarches ? De tels développements ne se feront pas sans l’aide de structures plus larges et moins directe ment concernées par les impératifs économiques. Celles-ci pourront mieux faire apiculteurs mais également, aux pouvoirs locaux, régionaux et nationaux et auprès du grand public.
Au niveau de ces structures, un rajeunissement des idées est nécessaire pour construire un demain qui mobilise les jeunes et moins jeunes sur des projets réellement porteurs d’avenir dans le respect de la nature et de l’ensemble des pollinisateurs. De nouveaux réseaux d’échanges et de partage d’informations pratiques et d’expériences devront voir le jour. Les unités de base, les sections, resteront très probablement mais elles vont tisser des relations avec des structures de services à finalités différentes (information, éducation, représentation, sensibilisation, sanitaire, élevage, assis tance technique, promotion, commercialisation…) en fonction des besoins de base de leurs membres et des projets sur lesquels elles placent leur énergie. Tout deviendra plus souple et beaucoup plus riche et dynamique. Ces unités de base se développeront ou disparaîtront en fonction de leur attractivité et des services qu’elles pourront offrir grâce au réseau de relations qu’elles mettront en place. Les grandes structures actuelles devront se repositionner pour pouvoir offrir une réelle aide à ces unités de base. Tout ceci n‘est bien évidemment qu‘hypothèses mais qui devraient au moins vous permettre de vous poser la question : quel demain voulons-nous ?