Comment agir pour les pollinisateurs en tant qu’agriculteur/agricultrice ?
L’agriculteur-rice peut créer un environnement plus accueillant pour les pollinisateurs en :
- améliorant l’habitat du paysage ;
- améliorant la ressource florale du paysage ;
- améliorant la disponibilité de la ressource immunitaire du paysage (les arbres pour la récolte de propolis) ;
- diminuant la charge de l’environnement en produits phytosanitaires.
Afin d’atteindre ces objectifs, il est possible d’agir en périphérie des parcelles, dans les parcelles ou encore en adaptant les pratiques agricoles.
Dans un premier temps, l’implantation de haies mellifères et de bandes fleuries en périphérie des parcelles offre des ressources immunitaires pour les abeilles mellifères (qui pourront trouver de la propolis sur certaines essences d’arbres) mais permet aussi d’augmenter et de diversifier la ressource alimentaire du paysage.
Ensuite, la réflexion autour de l’assolement (succession des cultures) permet aussi d’augmenter la ressource mellifères dans le parcellaire agricole. Parmi les grandes cultures, le colza, les fruitiers et le tournesol (qui ne devrait pas tarder à arriver en Belgique) présentent un grand potentiel mellifère. Les prairies et les cultures fourragères permettent aussi d’augmenter la ressource florale lorsque certaines essences telles que le sainfoin, la luzerne ou encore le trèfle sont présentes. Les couverts végétaux d’intercultures (phacélie, vesce, sarrasin, moutarde,…), s’ils ne fleurissent pas trop tard en saison, peuvent également être bénéfiques pour les pollinisateurs.
Enfin, de plus en plus d’agriculteurs et d’agricultrices adaptent leurs pratiques agricoles afin de promouvoir un environnement de qualité pour les pollinisateurs. Ces pratiques agricoles adaptées sont présentées dans l’encadré ci-dessous.
Pratiques agricoles en faveur des pollinisateurs :
- Réduire fortement l’utilisation des produits phytosanitaires en travaillant sur la nutrition des plantes pour les rendre naturellement plus résistantes aux maladies et aux ravageurs.
- Approfondir ses connaissances sur les cycles des ravageurs et des auxiliaires pour mieux comprendre et faire confiance aux méthodes de lutte intégrée (ce qui diminue l’utilisation de produits phytosanitaires).
- Inclure des prairies permanentes et semi permanentes dans l’assolement.
- Aménager des zones accueillantes pour les insectes et l’ensemble de la biodiversité sur l’exploitation (haies, arbres en bordures de champs, bandes fleuries,…)
- Encourager une diversification des espèces cultivées et des mélanges dans les cultures intermédiaires.
- Adapter l’itinéraire technique de la fauche en épargnant des zones fleuries d’environ 10m2 et en ne fauchant que lorsque la population de pollinisateurs est moindre (tôt le matin ou tard le soir).
- Préférer la destruction d’un couvert végétal par pâturage que par fauchage.
- Ne pas labourer pour préserver la biodiversité du sol (dont les insectes).
- …
Bienfaits des mesures mises en place pour les pollinisateurs
Les mesures mises en place pour les pollinisateurs ont de nombreuses externalités positives. En plus du service écosystémique de pollinisation qui découle directement du maintien des populations de pollinisateurs, elles permettent également :
- une meilleure régulation des ravageurs des cultures. En effet, un bon nombre d’auxiliaires tels que les micro-guêpes et les syrphes (régulateurs de pucerons) jouissent aussi des mesures mises en place pour les pollinisateurs.
- une lutte contre l’érosion des sols et une protection des cultures contre le vent par exemple avec l’implantation de haies.
- une plus grande biodiversité de manière générale car les mesures sont également bénéfiques pour de nombreuses espèces animales (microfaune, amphibiens, reptiles, oiseaux et petits mammifères).
- un approvisionnement en médicaments via les abeilles mellifères qui fournissent différents produits à usage médical tels que le miel, le venin ou la propolis.
- une amélioration esthétique du paysage grâce aux bandes fleuries et aux haies qui apportent du relief et des couleurs lors des périodes de floraison.
L’agroécologie, le modèle agricole de demain ?
De plus en plus d’agriculteurs et d’agricultrices sont conscients du rôle environnemental qu’ils jouent au travers de leurs activités agricoles et optent pour des modèles agricoles plus durables, plus robustes et plus respectueux de l’environnement comme en témoigne le succès du Festival de l’Agroécologie et de l’Agriculture de Conservation organisé par Greenotec. L’agroécologie considère le système agricole dans son ensemble et promeut l’utilisation des fonctionnalités du vivants pour atteindre des objectifs agronomiques. En travaillant avec le vivant, l’agriculteur
rice veille au bon développement de ce dernier en lui offrant un environnement de qualité. A titre d’exemple, l’implantation de bandes fleuries, de haies ou la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires créent également un environnement accueillant pour des auxiliaires des cultures tels que les régulateurs de ravageurs et les pollinisateurs.Conclusion
Vous l’aurez compris, le monde agricole joue un rôle clé dans la qualité du paysage, si importante pour les pollinisateurs. Il est donc primordial de renouer des liens entre le monde agricole et le monde apicole pour permettre une collaboration génératrice d’un environnement de qualité, via des pratiques agricoles réalistes. De plus, le monde agricole et le monde apicole sont interdépendants car l’agriculture a besoin du service écosystémique de pollinisation et l’apiculture a besoin d’un environnement sain dans lequel les abeilles peuvent satisfaire à l’ensemble de leurs besoins.
Bien que l’agriculture joue un rôle clé dans cette thématique, il est tout de même important de rappeler qu’elle n’est pas l’unique bras de levier capable de nous diriger vers un environnement de meilleure qualité. Elle n’est pas non plus l’unique responsable du déclin des pollinisateurs. De nombreux facteurs qui ne sont pas de son ressort participent à ce dernier. Il s’agit par exemple de la présence de maladies, de parasites ou encore d’espèces invasives. Enfin, une mauvaise gestion apicole, en ce qui concerne les abeilles mellifères, peut également fortement compromettre la survie des colonies. Gardons un esprit conscient et modéré.