FAIT MAISON : Fabriquer un nourrisseur goutte à goutte

Mathieu ANGOT- www.mathieua.fr/blog

Pour qui produit des essaims, le nourrissement est une question essentielle. Le choix du sucre compte, mais la question de la meilleure distribution importe au moins autant, sinon plus. Sucre et bricolage de nourrisseurs sont ici au programme !

Quel sucre pour l’abeille ?

Bien entendu, le miel reste l’aliment à privilégier pour l’abeille mais les ressources étant rares, voire inexistantes dans certaines régions plusieurs fois dans l’année, il est compliqué d’en rester là, surtout pour les jeunes essaims qui peuvent souffrir d’un manque de nourriture très rapidement. Il ne faut pas oublier que dans la nature, l’essaim fera de bonnes réserves avant d’essaimer, ce qui n’est pas vrai quand l’essaimage est artificiel, lorsque l’essaim est prélevé́ par l’apiculteur. Le sucre de nourrissement est vendu sous toutes ses formes aux apiculteurs, mais attention, tout ne se vaut pas.
L’abeille assimile très mal les sucres complexes (issus des céréales, principalement) qu’on trouve dans de nombreux sirops du commerce car ils sont moins onéreux à produire. Il faudra au contraire privilégier les sucres simples contenus dans le miel : glucose et fructose, voire saccharose qui est composé de ces deux derniers. Le maltose, qui est un sucre simple, sera pourtant à bannir, car il est peu soluble et ne contient que du glucose : il est mal assimilé par l’abeille.
Le sirop « maison » fait à base de sucre de betteraves ou de canne à sucre fera donc l’affaire, à condition de l’utiliser rapidement car il fermente vite. Il suffit de mélanger 1 litre d’eau chaude et 1 kg de sucre pour le réaliser. On y ajoutera 5 ml de vinaigre par litre, afin de limiter la fermentation.

Distribuer son sirop

Vous l’avez sans doute constaté, le sirop est miraculeux pour faire bâtir les essaims. Mais il est également très violent par certains aspects : pillages, noyades, empressement des abeilles... Il n’est pas très naturel pour elles d’avoir à disposition 1 ou 2 litres de nectar directement dans la ruche ! La distribution par nourrisseur couvre-cadre conventionnel est donc loin d’être la meilleure solution. Une alternative existe : donner 10 cl par jour, qui vous obligera cependant à passer chaque jour au rucher. Ce qui correspondrait le plus à la reproduction d’une miellée susceptible de nourrir l’essaim nouvellement constitué, c’est le goutte à goutte de sirop. On aura ainsi une arrivée très progressive du nectar qui ne dérangera pas le quotidien de la colonie, et qui n’obligera pas l’apiculteur à trop de passages au rucher.

Construire son nourrisseur goutte à goutte

La construction d’un nourrisseur de ce type n’est ni très onéreuse, ni bien compliquée. Une planche de la taille de votre ruchette ou nucleus, deux petits tasseaux et une bouteille plastique de 33 ou 50 cl de votre soda préféré suffisent.

  • 1.Tout d’abord, on découpe la planche de manière à ce qu’elle vienne remplacer le toit de notre caisse. On peut laisser une marge extérieure pour y fixer des tasseaux comme un toit conventionnel, mais ce n’est pas nécessaire si l’on met une grosse pierre dessus par la suite. Si on préfère garder la planche simple, on veillera à fixer sur le dessus deux tasseaux, afin de la rigidifier et de prévenir toute déformation du bois.

  • 2.On fera à la perceuse un trou dans la planche qui correspond exactement au bouchon de notre bouteille de soda afin de pouvoir la bloquer dedans.

  • 3.On percera des trous d’environ 1.5 mm dans le bouchon à l’aide d’une pointe du diamètre souhaité et d’un marteau (3 trous suffisent, mais on pourra en faire plus au besoin).

Il suffira ensuite de venir placer ce nourrisseur sur notre boite, à la place du toit. On peut améliorer le modèle en lui passant une ou deux couches de peinture pour assurer sa longévité. On peut également visser une trappe en plastique ou en tôle que l’on fera glisser pour fermer le trou en cas d’absence de nourrissement.


On peut imaginer toutes les déclinaisons possibles : pot de miel retourné d’un kilo (trous dans la capsule), ou même seau de 5 litres pour les essaims gourmands !

Les autre alternatives

On peut, si on a peu de colonies et un environnement favorable, créer ses essaims durant les premières miellées. Ainsi, on arrivera parfois à éviter le nourrissement sans trop faire souffrir les abeilles. Attention tout de même à surveiller qu’il n’y ait pas de carences alimentaires.
Certains pains de sucre « fondant », composés uniquement de saccharose sont également un bon type de nourrissement. On pourra se fournir chez les fabricants destinés à la pâtisserie pour trouver un prix et une qualité́ du produit très concurrentiels. Il aura en plus l’avantage d’être bien plus pratique que le sirop en termes de manipulations. Il reste cependant plus cher.