Concernant la valeur de lʹinformation, le sujet est plus nuancé. On peut théoriser à lʹenvie les points de mesure de cette valeur. Prenons le parti de dire que la valeur de la production et de la diffusion dʹinformations se mesure à la capacité dʹinfluence qui en résulte. Elle n’existe que si elle est partagée. Elle a aussi, bien évidemment, une valeur économique parallèlement puisqu’on consomme aussi lʹinformation.
Les flux commerciaux
En Wallonie, nous ne sommes pas en présence d’une filière de production apicole complète. La filière apicole wal lonne est embryonnaire dans le sens où aucune véritable passerelle n’existe à l’heure actuelle entre les produc teurs, les transformateurs, les impor tateurs (rappelons que la Belgique est le 3° importateur européen de miel) et les distributeurs de miel. Le monde de l’import-export apicole belge est établi en Flandre et aucun lien n’existe avec la Wallonie. La micro-filière wallonne fonctionne essentiellement en circuit court, les apiculteurs vendant directe ment aux consommateurs à domicile ou sur des marchés. Certains vendent par l’intermédiaire de petits commerces. La grande distribution se montre de plus en plus intéressée par la vente de produits locaux de petits producteurs. Pour certaines enseignes, aucune marge financière n’est prélevée sur la vente du produit. L’objectif est de répondre aux attentes des consommateurs attirés par l’achat de produits locaux. Les apiculteurs n’ayant pas de difficultés à vendre leur miel, le modèle ne rencontre pas jusqu’ici un grand succès. Signalons l’existence en Wallonie d’une petite importation de miel bio conditionnée sur le territoire et destiné à la revente dans des commerces de détail. Un avantage est perçu à cette micro-filière : la commercialisation du miel met les apiculteurs à l’abri des fluctuations du marché international. Cela ne les protège toutefois pas des grands périls qui pèsent sur ce même marché inter national : problème de traçabilité du marché des cires, adultération et contaminations de ce produit, dégradation de l’image des produits de la ruche suite au scandale du faux-miel, etc.
En effet, la Belgique, et donc la Wallonie, importe miel, autres produits de la ruche, cire, abeilles, matériel apicole et ne vit pas en circuit fermé, l’offre étant nettement inférieure à la demande. Les besoins de l’industrie sont couverts par les importa tions exclusivement. Aucune structure de type coopérative n’existe en Wallonie. Il faut souligner enfin que les apiculteurs eux-mêmes sont des consommateurs : de matériel apicole, de cire, de services, de reines, de produits phytopharma ceutiques. La valeur de la production, des services de pollinisation et du coût estimé de l’apiculture a été calculé grâce au Programme Miel. Le coût d’une ruche est estimé à 218 € par an. L’apiculteur wallon a un certain poids économique si l’on considère ce qu’il produit (services et produits de la ruche) et ce qu’il consomme localement ou sur un plus large marché.
Les flux de l’information apicole
Une des grandes forces de la filière apicole wallonne réside dans sa maîtrise des flux d’information, ce qui a pour conséquence des apiculteurs plutôt mieux informés que la moyenne européenne, très consultés et très engagés dans des démarches participatives pour faire évoluer les pratiques apicoles. Un excellent réseau international permet au CARI, en tant que centre de conseil et centre technique, de faire ruisseler l’information sur le secteur, pour le bénéfice des acteurs institutionnels et des apiculteurs eux-mêmes. Les moyens de diffuser l’information apicole sont variés. Leur richesse provient tout d’abord de la qualité des productions d’informations écrites et orales. Deux revues principales circulent chez les apiculteurs wallons : « Abeilles & Cie », organe de diffusion du CARI qui est diffusée sur le territoire régional mais aussi dans le monde francophone, et « Apiculture en Wallonie », revue commune de l’Union royale des ruchers wallons (URRW) et de l’Union des Fédérations d’apiculture de Wallonie et de Bruxelles (UFAWB) qui est distribuée aux membres des deux organismes.
La valeur ajoutée des informations écrites repose sur la production d’articles originaux, de rapports, de synthèses, de guides et livrets techniques à destination du secteur, de publications sur Internet d’articles de fond, d’articles scientifiques et de bases de données capitalisables dans un contexte d’échanges d’informations. En complément, la production d’informations orales repose sur l’organisation d’événements et de réunions engageant des partenariats avec des acteurs du secteur apicole ou d’autres partis prenants. La Wallonie bénéficie de plusieurs évé nements récurrents destinés à trans mettre de l’information de qualité au secteur : Journées Api-Agri, Journées Nord-Sud, Journée de Namur, week-end thématiques, séances d’info ciblées (réunion des ruchers écoles, des ruchers tampons…). Des espaces d’échanges d’informations sont organisés pour collaborer avec les apiculteurs de terrain qui deviennent co-créateurs de la vie apicole : Comité Miel, Groupe de travail sanitaire, Club de réflexion thématique, etc. Les relais d’informations finaux sont ensuite à l’œuvre : bouche à oreille, newsletters, mailing, réseaux sociaux qui se sont beaucoup développés ces dernières années. Ces relais sont assurés par certains apiculteurs à titre individuel ou par des sections.