Le travail en miellerie
La désoperculation
Désoperculer les cadres gorgés de miel est certainement l’opération la plus fastidieuse de toute la récolte. La désoperculation constitue souvent le goulot d’étranglement dans le déroulement des opérations. C’est précisément au moment où le temps compte le plus que l’apiculteur et ses aides peuvent se sentir débordés devant l’ampleur de la tâche...
Fourchette à désoperculer
Pour les petits apiculteurs, l’outil le plus courant est la fourchette à désoperculer. Le travail prend pas mal de temps mais, s’il est minutieux, le cadre n’est pas abîmé et il reste très peu de miel sur les opercules. C’est la solution la plus fréquente en Belgique. Il faut prévoir un bac à désoperculer pour permettre au miel de s’écouler et veiller à ce que son volume soit suffisant pour recueillir la cire, et à ce que la grille d’évacuation soit de bonne dimension. De petites poches en nylon s’adaptant dans l’extracteur permettent éventuellement d’extraire les opercules.
Couteau à désoperculer
Pour un apiculteur de petite à moyenne dimension, la solution la plus économique est le couteau à désoperculer. Il en existe de tout simples, non chauffants, dentelés. Ils offrent déjà une bonne efficacité. Il suffit de les tremper régulièrement dans l’eau chaude et de les essuyer. Avec un bon couteau (par ex. : modèle Speed Kingun qui possède un chauffage électrique efficace : la chaleur de la résistance est transmise à une âme de cuivre intégrée dans la lame et assure une diffusion homogène des calories au sein du couteau), un peu d’entraînement et un bac à désoperculer approprié, on peut désoperculer jusqu’à 200 cadres à l’heure. Les opercules sont chargées de miel et doivent être centrifugées. Les couteaux électriques sont plus efficaces.
Désoperculeuse automatique
Aujourd’hui, la désoperculation est de plus en plus souvent automatisée. Ces machines assez coûteuses sont parfois fragiles. On trouve principalement deux types : modèles à fléaux qui viennent racler l’opercule et modèles à lames qui travaillent comme un couteau. Le type d’opercules produits sera différent. Le traitement des opercules par la suite est essentiel avec de telles machine. Il faut préciser que certaines machines n’acceptent pas les cadres avec espaceurs. Le bruit généré par ces machines est souvent important et augmente la fatigue de l’opérateur.
Circuit intégré
Enfin, on trouve des circuits totalement intégrés où la désoperculation est intégrée dans la chaîne d’extraction. Vu son coût, ce matériel est destiné à des exploitations professionnelles.
Les centrifugeuses à cire d’opercules
Lorsqu’on désopercule au couteau des cadres plus épais, le volume de miel entraîné avec la cire d’opercules peut être très important, dépassant, dans les grandes exploitations, la capacité d’une cuve ordinaire.
Des centrifugeuses à cire d’opercules ont été spécialement conçues pour résoudre ce problème. Elles doivent être particulièrement robustes et avoir une suspension efficace pour compenser les vibrations.
En même temps, on peut filtrer le miel en continu au moyen d’une pompe. C’est particulièrement intéressant pour le miel de bruyère, trop épais pour passer par un filtre ordinaire.
Les centrifugeuses Thomas ont une réputation légendaire de robustesse et de longévité.
Les machines à désoperculer
Dans une grande exploitation (à partir de 800 ruches) avec peu de personnel, l’acquisition d’une machine à désoperculer se justifie pleinement.
Le principe varie en fonction du constructeur. Le système Fritz est basé sur des fléaux rotatifs, le système Thomas sur des chaînettes rotatives. Penrose et Lega utilisent le principe du couteau vibrant, à vapeur ou électrique.
Extraction et automatisation
Une petite récapitulation s’impose :
Après la deuxième guerre mondiale, il n’y avait dans toute l’Europe que deux constructeurs d’extracteurs professionnels en acier inoxydable, Lega en Italie et Thomas en France. Leurs extracteurs étaient équipés de robustes moteurs triphasés. À l’époque, le problème de l’accélération sans à-coups n’était pas encore résolu.
Lega choisit d’adjoindre à ses moteurs un transformateur hydraulique, et pour les petits modèles un embrayage centrifuge. Thomas mit au point un embrayage spécial permettant de régler la vitesse au moyen d’un levier.
Les deux systèmes cohabitèrent sans problèmes jusqu’à la fin des années 80. Par la suite, Thomas développa encore un extracteur réversible tout à fait performant, équipé d’un moteur triphasé à double bobinage permettant de travailler à deux vitesses différentes.
Vers le milieu des années 70, on vit apparaître les premiers régulateurs électroniques, ouvrant la voie à l’automatisation des opérations d’extraction.
Pour profiter des avantages de l’électronique, il fallait, dans l’état des connaissances techniques de l’époque, se tourner vers d’autres systèmes d’entraînement. On construisit donc des moteurs à courant continu, la vitesse de rotation étant directement proportionnelle à la tension appliquée. Un dispositif électronique redressait le courant alternatif en courant continu, ce qui permettait de réguler l’accélération progressive des extracteurs radiaires jusqu’à une vitesse maximale prédéterminée. Les extracteurs réversibles automatisaient totalement le déroulement du cycle.
Avec l’instauration de ces systèmes à courant continu, les premières pannes ne tardèrent pas à se déclarer. Le grand inconvénient de l’utilisation de moteurs à courant continu est en effet une usure prématurée, qui entraîne des dysfonctionnements au niveau des commandes électroniques. Ces systèmes sont également sensibles aux variations de tension du réseau.
Les boîtiers de commande devaient régulièrement être envoyés chez le fabricant pour réparation, ce qui prenait trop de temps.
Depuis 1990,les pionniers de la technique apicole Lega et Thomas ont complètement abandonné ces systèmes au profit de moteurs triphasés équipés de commandes électroniques adaptées, développées dans le monde de l’automatisation industrielle. Ces équipements, bien que plus onéreux, ont l’avantage d’être extrêmement fiables. Cette nouvelle génération de "variateurs de fréquence" offre une accélération progressive sans paliers ainsi que des fonctions automatiques comme l’accélération modulée, la réversibilité des cadres, la décélération et le freinage, etc. Et surtout, elle garantit un fonctionnement parfaitement fiable. Toute perturbation (comme des variations d’alimen-tation sur le réseau) disjoncte et protège l’électronique de dégâts éventuels aux composants.
Les firmes Thomas et Lega intègrent des composants existant en standard dans l’industrie. Aussi, les dépannages et les réparations ne posent-ils plus de réels problèmes à l’heure actuelle.
Tant le constructeur français que l’italien utilisent les boîtiers de commande d’automatisation du groupe Rockwell et de Mitsubishi. Le choix de ces grandes marques internationales garantit un service après-vente et une assistance technique dans le monde entier, grâce au réseau de partenaires de ces sociétés.
Les extracteurs
L’aspect ergonomique joue ici un grand rôle. Le chargement et le déchargement des cadres est une opération très importante dont trop peu de fabricants tiennent compte.
Les extracteurs modernes conçus de façon ergonomique ont un fond incliné, non conique, permettant l’écoulement rapide du miel. Un couvercle totalement amovible permet à deux personnes de charger ou de décharger en même temps. Il existe des couvercles à vérin pneumatique qui s’ouvrent complètement.
Un modèle surbaissé facilite encore les opérations.
Voici un exemple de ce qu’il ne faut pas faire : de nombreux constructeurs conçoivent leur extracteur de façon à pouvoir glisser un maturateur de 40 kg avec filtre sous le robinet. Cela semble pratique à première vue. Mais c’est oublier que l’édifice total atteindra 1m20 de haut, rendant le chargement des cadres chargés de miel pénible pour une personne de taille normale.
Ce type de construction néglige complètement les aspects ergonomiques, particulièrement dans les grandes exploitations.
Les pompes à miel
Transporter le miel est un travail pénible, tant pour l’apiculteur que pour les pompes...
Les pompes hydrauliques traditionnelles ne conviennent pas pour le miel, à moins de le chauffer à plus de 50°C. À température du miel normale ou inférieure à 20°C, la pompe est fortement sollicitée. Plus la température baisse, plus le miel devient visqueux.
Tôt ou tard, l’apiculteur soucieux de la qualité de son miel devra acquérir une pompe à miel. Elles fonctionnent selon deux principes différents : l’impulseur en caoutchouc et la vis sans fin (système Moineau) que l’on retrouve dans les pompes à moût et à ciment. On utilise également des pompes péristaltiques dans les cas difficiles : miel cristallisé ou miel mélangé à de la cire d’opercules. Ce système est cependant nettement plus onéreux que les deux précédents. D’autres systèmes, comme les pompes à roues dentées, ne conviennent pas. Elles ne sont pas assez performantes et ont l’inconvénient d’émulsionner le miel. Leur usage en apiculture a été abandonné.
Pompes à impulsions
Les pompes construites selon ce principe ont un excellent rapport qualité-prix. Un moteur triphasé est indispensable pour assurer une puissance suffisante.
Les pompes à impulsions peuvent traiter jusqu’à 1500 kg de miel à l’heure, sous une pression de 4 à 5 bars maximum, en fonction de la température et de la fluidité du miel.
Pompes hélicoïdales (système Moineau)
Les pompes construites selon ce principe ont un excellent rapport qualité-prix. Un moteur triphasé est indispensable pour assurer une puissance suffisante.
Les tourniquets porte-cadres
Ils permettent d’entreposer les cadres désoperculés avant de les placer dans l’extracteur. Même très chargés, ils restent faciles à tourner à la main. Le miel qui s’écoule est recueilli dans un seau. La capacité de ces carrousels varie de 20 à 60 cadres.