La biologie du frelon asiatique
Description
Vespa velutina nigrithorax est également appelé frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique. Il a le thorax entièrement brun noir velouté. Ses segments abdominaux sont bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le 4e segment de l’abdomen est presque entièrement jaune orangé. La tête est noire et la face est jaune orangé. Les pattes ont l’extrémité brune.
Les nids
La colonie produit un volumineux nid de papier mâché, composé de plusieurs galettes de cellules entourées d’une enveloppe faite de larges écailles de papier, striées de beige et de brun. L’orifice de sortie est petit et latéral alors qu’il est large et basal chez le frelon européen. Le nid primaire est plutôt sphérique (moins de 60 cm de diamètre). Le nid secondaire est plus ovale et peut atteindre jusqu’à 1 m de haut et 80 cm de diamètre. On le trouve souvent à plus de 15 m de haut dans de grands arbres mais il peut également être situé dans une haie ou plus près du sol en fonction des conditions environnementales.
Les proies
Les proies sont proportionnellement différentes en fonction de la situation du nid : A en zone urbaine / B en zone agricole et C en zone forestière :
C’est en ville qu’il privilégie les abeilles mellifères. Dans d’autres contextes, l’impact sur l’entomofaune est loin d’être négligeable.
L’impact sur les colonies d’abeilles
La présence significative de frelons asiatiques dans un rucher peut stresser les colonies et bloquer leurs activités de burinage, conduisant à un arrêt de la ponte de la reine et par conséquent à un affaiblissement des colonies. Les populations se réduisent et cela peut conduire à la pénétration des frelons asiatiques à l’intérieur de la ruche. Dans des ruches non protégées ou mal protégées, il peut arriver que la colonie soit vidée. Même sans en arriver là, l’impact du frelon conduit à un vieillissement prématuré des abeilles au moment où elles devraient produire de fortes abeilles d’hiver. Ceci peut être une des sources des pertes hivernales.
Il est capital de bien comprendre le comportement et le rythme de développement du frelon asiatique pour engager une lutte efficace. En France, l’INRA poursuit ses recherches et diffuse ses résultats.
Légende : Cycle annuel du frelon asiatique (INRA)
Piégeages
Pour maximiser les captures tout en minimisant le nombre d’insectes non ciblés tués, le piégeage doit être fait avec des pièges combinant une sélection mécanique (trous permettant aux insectes non ciblés de s’échapper) avec un appât (rendu non accessible). Des pièges de ce type, placés de juillet à novembre dans les ruchers attaqués par Vespa velutina en ont capturé environ 40% (Rome et al., 2011). Par ailleurs, les scientifiques cherchent toujours la solution pour développer une méthode de contrôle efficace utilisant un appât spécifique (Maher et al., données non publiées). A noter que le piégeage est surtout approprié en phase d’invasion du frelon asiatique et pas en phase de découverte des premiers nids. Piéger veut dire aussi attirer. Ne pas l’oublier quand on pose des pièges dans son rucher sans menace directe.
Destruction des nids
En dépit du bon sens, certains utilisent des méthodes dangereuses et ridicules comme celle qui consiste à détruire des nids avec un fusil de chasse. Cela ne tue pas tous les individus, augmente le risque d’accident et n’empêche pas un nouveau nid d’être reconstruit plus loin. Même si la reine est tuée, le développement du couvain et la prédation sont poursuivis par les ouvrières (comme dans les colonies d’abeilles bourdonneuses). La méthode la plus efficace pour la destruction des colonies est l’injection dans le nid d’un poison (cyperméthrine ou SO2) avec une perche télescopique. Les nids détruits avec les frelons morts à l’intérieur doivent ensuite être retirés précautionneusement pour éviter que des oiseaux ne soient intoxiqués en mangeant les frelons empoisonnés. L’utilisation d’appâts toxiques n’est pas recommandée puisqu’ils peuvent être attractifs et nocifs pour d’autres espèces animales (Beggs et al).
Il est en outre avéré que les essais de piégeage massif par le grand public présentent un impact négatif sur la biodiversité locale tout en étant d’une efficacité médiocre. En l’absence de pièges et d’appâts réellement sélectifs, la seule solution pour réduire l’impact du frelon asiatique lorsqu’il est bien implanté dans une zone est de le piéger uniquement dans les ruchers pendant la période où la prédation est la plus élevée (piégeage de protection des ruchers à la fin de l’été/automne) et de piéger de manière concertée les fondatrices au printemps.
Rappelons pour terminer qu’une colonie de frelon asiatique peut produire plus de 400 reines fondatrices mais que quelques-unes seulement survivent (Villemant et al., 2011b), victimes de la concurrence pour les emplacements de nidification et les conditions de vie toujours difficiles pour les reines fondatrices avant l’émergence des premières ouvrières. Il n’en demeure pas moins que la vitalité est grande à l’échelle de l’espèce. La survie de quelques colonies suffit pour que la population puisse se maintenir et se multiplier (Haxaire et Villemant 2010).
Quelques ressources
Impact sur l’entomofaune des « pièges à frelon asiatique » – Jean Haxaire et Claire Villemant – revue Insectes, n°159, 4e trimestre 2010 – insectes159-haxaire-villemant
Présentation de Vespa velutina par Etienne Bruneau du CARI – vespa-velutina-eb-cari
Présentation de Vespa velutina par Michel De Proft du CRAw
Présentation de l’ANSES – Bilan des connaissances par Claire Villemant et Quentin Rome
Fiche du Museum national d’histoire naturelle français
Fiche d’aide à l’identification du MNHN