Une remarque d’Eric Tourneret prononcée lors de la soirée FOCUS du 9 février me reste entre les oreilles. Les abeilles se débrouillent très bien quand elles se trouvent dans un environnement préservé, sauvage, diversifié. Elles s’adaptent alors à tout ou à peu près. « Les routes du miel » que nous avons suivies, guidés par la passion de l’apiculteur-photographe, a révélé la diversité humaine et culturelle des apiculteurs, des rapports extrêmement variés à l’abeille et un large spectre d’abeilles et de paysages.
Le plus triste était sans doute la « fameuse » pollinisation des amandiers aux Etats-Unis assortie des grandes transhumances en semi-remorques. Et l’on peut éprouver de la tristesse pour les abeilles mais aussi pour les apiculteurs qui sont broyés par un système industriel et ultra-capitaliste. Bien sûr, il s’agit d’un exemple extrême qui ne reflète pas la majorité des situations. Un grand écart est fait entre l’apiculture industrielle et la cueillette de miel sur les parois himalayennes. L’humain peut se comporter en prédateur, en parasite ou vivre en symbiose avec les abeilles. Toutes proportions gardées, il peut jouer le rôle du frelon asiatique, du varroa ou se révéler un allié des abeilles.
A chacun la responsabilité de placer le curseur et il n’y a pas tant d’évidences que ça à le faire. Pour être dans le vert, rien de mieux quen l’observation et la connaissance qui en découle. Bien connaître pour adapter ses pratiques apicoles. C’est en résumé le message de la soirée FOCUS du 16 février dans laquelle Damien Mérit, éleveur et fils spirituel de Marc Guillemain, a rendu un hommage technique à cette grande intelligence apicole disparue trop vite. La présentation de la ruche basse consommation et de la méthode d’utilisation des Partitions Isolées à Haute Performance (PIHP) a provoqué des remises en question. José Artus nous a déjà parlé des abeilles à haut potentiel, de l’ambiance de la ruche, de l’importance de la thermorégulation et de la nécessaire adaptation du matériel pour respecter les besoins de la colonie. La convergence des discours étaye l’idée d’une nécessaire inter- rogation sur nos pratiques apicoles et sur le matériel que nous utilisons. Nous poursuivrons sur cette question, naturellement.
Bien connaître la biologie des abeilles et le comportement de la colonie est une base pour réussir son apiculture. Bien connaître la biologie du frelon asiatique et son comportement est une base pour bien protéger son rucher. Le bon exemple a été donné par le groupe d’apiculteurs bricoleurs et testeurs des Amis du Val d’Oise qui a généreusement partagé avec nous son expérience lors du webinaire du 3 février. Ils ont choisi d’être dans le vert face à un environnement dont l’harmonie est rompue par l’installation d’une espèce introduite fortuitement, dommage collatéral du commerce international.
Comme l’union fait la force, les apiculteurs du Val d’Oise ont mis en commun leurs compétences pour adapter des dispositifs de protection des ruchers. Vous les retrouverez dans ce numéro.
Bien connaître la biologie de varroa, c’est aussi une base pour mieux intervenir dans sa gestion apicole. C’est pourquoi vous trouverez à partir de ce numéro et durant toute l’année des fiches pédagogiques pour fixer les connaissances à ce sujet. Elles seront écrites par Julien Duwez et Sacha d’Hoop d’Arista Bee Research Belgium.
Vous le comprenez : être dans le vert, c’est entrer dans une dynamique de réflexion, de collaboration, de partage et d’évolution pour le bénéfice des abeilles, des apiculteurs et de l’environnement. Notre credo au CARI.
Bonne saison dans vos ruchers !