Michel PONCELET
Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth-
Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille-Lesse-Semois (Belgique). Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.
Voici mon avis et ma façon de pratiquer (Ardennes belges 400 - 450 m) avec des Langstroth, version SIMPLICITY* comme à l’origine, pour respecter au maximum l’esprit de la grappe dans sa dynamique. C’est, entre autres objectifs, celui pour lequel j’ai abandonné depuis longtemps les Dadant (à 10 et 12 cadres).
Dès le retrait des hausses et de la grille vers le 8, 10, 12, 15 juillet (réchauffement climatique oblige !), remettre le jour même un corps contenant de beaux nouveaux cadres que l’on vient d’extraire, placer le nourrisseur et nourrir pour simuler la continuation de la miellée (la miellée d’été est terminée et il n’y en a pas d’autre).
Donner une vingtaine de kilos rapidement. Le travail d’emmagasinement est fait par les vieilles abeilles d’été usées qui vont mourir. Le grenier se remplit dans la logique de l’instinct de la colonie. La ponte est encouragée, la colonie entame une migration (déplacement du nid) vers le haut...
On peut aussi, si la récolte a été abondante ou pour fonctionner « bio », retirer simplement la grille à reine et laisser un corps de miel.
Une épaisse calotte de nourriture au-dessus de la grappe, un vaste nid à couvain, une autoroute dans le beespace entre les deux corps.... les ruches sont bien aérées, le couvre-cadres est bien isolé, les principes thermodynamiques sont bien respectés (effet cheminée) : bien-être pour la colonie qui installe ses quartiers d’hiver dès la mi-juillet.
Au début du printemps suivant, enlever le corps du bas qui contient les cadres qui ont servi de nid à couvain l’année précédente et c’est reparti... ou laisser ce corps en place et remplacer tous les cadres indésirables par des nouveaux ; l’agrandissement se fait alors par le bas. On attend patiemment le bon temps et la miellée de printemps pour intervenir sans se préoccuper de disette.
Le problème du renouvellement des cadres n’existe pas : ils sont toujours neufs...!
Donc : hiverner tôt de grosses colonies, en hauteur afin que l’espace vital corresponde constamment au volume réel de la grappe.
Des nucléi du mois de mai connaissent un développement suffisant pour être hivernés sur deux corps ; des nucléi plus tardifs hivernent sur un corps ou sur 6 cadres plancher varroas fermés (surveiller la nourriture !). Ils servent à pallier les déficiences de certaines colonies et les accidents de parcours.
* Langstroth SIMPLICITY : 9 cadres, bâtisse chaude, 35 mm de centre à centre, petites cellules pour le souci de respecter ce qui est naturel. Les corps n’ayant que 34 cm de profondeur, le volume d’hivernage est d’autant plus harmonieux et l’effet cheminée d’autant plus manifeste.
Yves LAYEC
Pratique l’apiculture, depuis longtemps, dans le Nord-Finistère. Actuellement, bon an mal an, une cinquantaine de ruches Dadant 10 cadres en ruchers sédentaires. Pratique élevage de reines avec des abeilles du Finistère.
Membre des conseils d’administration du GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole) du Finistère, et de la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales).
Au cours de la saison, printemps - été, j’aime bien avoir des colonies très populeuses, dans le volume occupé par la colonie : ce n’est pas la même quantité d’abeilles dans une ruche Dadant, 10 cadres plus hausse, très populeuse et deux corps de miniplus bien peuplés.
Pour l’hivernage aussi j’aime bien avoir des colonies très populeuses. Dans une ruche Dadant,10 cadres, ce sera autant que possible des abeilles occupant 8 cadres au 15 octobre. Il est plus difficile d’évaluer en terme de cadres de couvain, les surfaces de couvain allant en s’amenuisant avec la réduction de ponte de la reine. Bien entendu, il faut des provisions en conséquence : cadres de rives pleins de miel, ainsi que les têtes des autres cadres, tout en gardant de la place pour le nid à couvain.
Pour l’hivernage je ne garde donc, en septembre, que les colonies populeuses. Pour les autres, au besoin, je réunis les colonies plus faibles (abeilles sur 6 cadres ou moins), en leur procurant de jeunes reines, si possible. Bien entendu elles sont alors toutes en état : reine, abeilles et provisions.
Il est possible d’hiverner dans des volumes moindres. Dans ce cas il faut adapter le volume à la population d’abeilles : miniplus sur 2 ou mieux sur 3 corps ; ruchettes 6 cadres bondées ; des partitions isolantes dans les ruches pour confiner les abeilles sans leur laisser de zones inoccupées, mais dans ce cas pas moins de 8 cadres, sinon ce sera en ruchette…
Marc EYLENBOSCH
Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon (Belgique). Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.
J’essaye toujours d’hiverner des colonies fortes qui m’assureront une belle récolte de printemps si la météo le permet. Donc, en automne, je réunis mes colonies de production avec les ruchettes que j’ai constituées en saison pour élever des reines de remplacement. J’essaye de constituer en saison 1 ruchette 6 cadres pour 2 ruches de production. Cela me permet de changer les reines tous les deux ans et de renforcer les colonies de production avec +/-2 cadres de couvain + abeilles. Je nourris les colonies en complétant les provisions existantes pour arriver à un total de 18 à 20 kg. Les colonies fortes consomment me semble-t-il proportionnellement moins que des colonies plus faibles (meilleure gestion de la température intérieure de la ruche). Je resserre quand même au maximum les colonies en fonction du couvain encore présent au moment du nourrissement. Mes colonies passent donc l’hiver sur 8 à 9 cadres Dadant. Des partitions isolantes sont placées de part et d’autre des cadres occupés. Toutes mes colonies sont placées toute l’année et donc aussi en hiver sur une hausse emplie de cadres bâtis entre le plancher grillagé et le corps de ruche. Cette hausse de plancher offre différents avantages dont, en hiver, celui de créer un espace coupe-vent sous les cadres occupés par les abeilles. Je retire par contre le « lange » qui ferme le plateau grillagé pendant les traitements varroas afin d’éviter des problèmes de condensation. Le dessus de la ruche est bien isolé avec une plaque de « styrodur » sur le couvre cadre. L’entrée de la ruche est munie d’un rétrécisseur qui permet le passage des abeilles mais empêche le passage des souris.
François GODET
Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconversion Dadant 10 cadres vers des Warré auto-construites dans la Province de Namur (Belgique). A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Elève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.
Mon expérience en apiculture est encore récente et je me rends compte que j’ai parfois fait hiverner des colonies trop faibles soit en terme de population, soit en terme de volume. C’est un point d’attention cette année. Le volume minimum que je cherche à obtenir correspond à 3 éléments Warré (environ 57 litres) et pour les Dadant, soit une ruche sur 10 cadres, soit une ruchette sur 6 cadres avec 1 hausse de miel.
Cette année, quatre colonies issues de deux divisions effectuées début juillet nécessitent à ce stade d’être suivies. Les quatre colonies présentent aujourd’hui de la ponte.
La première division concerne une ruche Dadant scindée d’une 10 cadres vers une 6 cadres. Si la ponte dans la 6 cadres est forte et qu’elle se peuple, je la ferai hiverner sur 10 cadres avec en rive des cadres de miel dont je dispose. Si la ponte est plus timide, je la laisserai en ruchette 6 cadres avec une hausse de 6 cadres de miel que je tiens en réserve. La colonie souffrira ainsi moins du froid et trouvera sa nourriture plus facilement en remontant dans son logis. Il y a 2 ans, j’ai été surpris par la présence de cadres de miel de colza (les champs étaient à plus de 4 km) : au lieu de les abandonner, j’ai préféré, en vue de l’hivernage, les mettre en hausse sur des ruchettes 6 cadres. Ce nourrissement avait très bien fonctionné.
La seconde division concerne une ruche Warré qui était sur 5 éléments et qui se trouve aujourd’hui sur 2 x 3 éléments. Je dois encore observer l’évolution et prendre conseil auprès d’apiculteurs expérimentés en ruche Warré. La structure de la ruche Warré (une tour carrée de section 30 x 30 cm rappelant la verticalité d’un tronc) permet à la grappe de bien se resserrer et de remonter le long de sa nourriture au lieu d’aller la chercher sur les côtés. A priori, une colonie moyenne devrait mieux hiverner dans une Warré que dans une Dadant 10 cadres.
Une des raisons qui m’a fait venir à la ruche Warré est mon refus de tuer les reines. Initialement, je plaçais les reines réformées dans des Mini Plus en vue de réintégrer ensuite les colonies remérées dans des Dadant. Très vite je me suis aperçu du problème de volume à l’hivernage que représente une Mini Plus. Parallèlement, je me suis rendu compte que le type de conduite vers lequel je m’orientais avec mes Mini Plus ressemblait de plus en plus au modèle décrit par l’abbé Warré.
François RONGVAUX
Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxembourg (Belgique). Eleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.
Pour être mise en hivernage avec les meilleures chances de bien passer l’hiver, une colonie doit bien couvrir, dans la deuxième quinzaine d’août, 7 à 8 cadres et compter encore 5 à 7 cadres de couvain. C’est dire qu’elle doit avoir une reine en forme, être traitée de façon efficace contre varroa et disposer de provisions suffisantes. Mes colonies passent l’hiver sur 9 ou 10 cadres Dadant, les cadres excédentaires (à réformer) étant bien sûr retirés avant le nourrissement, sans toucher au couvain, ni aux cadres de pollen. Quinze à vingt kilos de nourriture sont indispensables pour passer l’hiver sans devoir assurer un complément d’urgence au printemps.
Jean-Paul DEMONCEAU
A découvert l’apiculture très tôt (20 colonies dès l’adolescence). Elève aujourd’hui une centaine de colonies pour la récolte de miel en transhumance. Pratique une apiculture intensive. Son objectif : un minimum de colonies de production pour une récolte maximale. Président de la section d’apiculture de la Berwinne (Belgique).
Toutes les colonies sont au top quand j’hiverne. S’il le faut, je fais des réunions. Dès les hausses enlevées, je réalise un bilan de mise en hivernage. Elles ont déjà toutes été contrôlées. Les reines de 2 ans sont remplacées par de jeunes reines. Elles sont sur 11 cadres en Normal-Maß (DNM 370 x 223 mm) avec une hausse de plancher parce que les colonies sont très populeuses. L’essaim va hiverner dans l’élément du dessus donc il n’y aura pas de problème. Elles occuperont tout l’espace. Je ne rétrécis pas et je ne mets pas de partitions. Elles sont prêtes à hiverner et en toute logique aptes à redémarrer au printemps. Je ne visiterai plus. On n’est jamais à l’abri d’un remérage en septembre et il se peut que je me retrouve avec 2 ou 3 colonies avec une reine vierge et une colonie bourdonneuse mais c’est insignifiant et exceptionnel. Toutes les colonies ont été parfaitement surveillées durant toute la saison.
Elisabeth BRESSON
Apicultrice professionnelle depuis plus de 30 ans dans le Gers (France). Travaille en GAEC avec son fils Benjamin depuis 2012. A l’exploitation : 500 ruches, 300 ruchettes et 150 nuclei de fécondation. Pratique l’élevage de reines. Production de miel (principalement) et d’essaims.
Nous arrêtons les élevages début juillet pour que les abeilles soient bien installées pour l’hiver avec une bonne population. Sur l’exploitation nous hivernons sur différents volumes, en Dadant 10 cadres, en ruchettes 6 cadres, en ruchettes 5 cadres, en nuclei haussettes simples et doubles. Le volume du contenant doit être en adéquation avec le volume des abeilles. Pour un bon hivernage il faut de belles abeilles donc de belles reines jeunes pour une belle population et bien sûr de belles provisions.
Nicole RUSSIER et Bertrand THERY
Couple d’apiculteurs en Ariège (France). Ont conduit pendant 40 ans 400 ruches de 1985 à 2013 en production de miels de la flore sauvage des Pyrénées (acacia, tilleul, rhododendron, châtaignier, sapin, bruyère callune). Poursuivent leur activité mais de manière réduite aujourd’hui.
Tous les ans nous hivernons les colonies au sortir d’une miellée de callune. Quand celle-ci a été correcte les colonies sont populeuses et occupent 8 à 9 cadres (Dadant 10 avec une partition).
Les visites d’hivernage se font au retour des ruches de la montagne. Il n’y a en général pas ou peu de couvain : le nombre de cadres de couvain n’est donc pas pour nous un indicateur de la force des colonies. Par contre cet arrêt de ponte nous permet un traitement varroa (apivar la plupart du temps) très efficace.
Les vieilles reines (plus de 2 ans) et les non valeurs sont changées ce qui limite le nombre de colonies bourdonneuses au printemps.
Toutes les ruches sont également pesées et complétées si besoin à 40 kg.