Michel PONCELET
Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth-
Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille-Lesse-Semois (Belgique). Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.
Deux points de vue sont à considérer : la récolte et la santé des colonies en hivernage.
La récolte
Après un printemps froid, l’été est arrivé subitement vers le 20 mai.
La récolte de printemps était nulle. La récolte d’été a commencé avec le framboisier, abondant dans nos forêts, s’est amplifiée avec la floraison du trèfle blanc et des ronces et s’est terminée le 8 juillet avec la fin de la floraison des ronces. Les deux tiers des colonies sont en plan Demarée depuis le 8 mai (15 jours de retard cette année) et ont récolté chacune environ 100 kg de miel. Les autres colonies ont connu un développement printanier laborieux en raison d’un couvain anormalement troué. Elles ont donc été conduites comme de simples Dadant pour une récolte bien moindre. C’est dans ces colonies que j’ai placé des cagettes Scalvini.
La fin de la miellée détermine le moment de la récolte et la préparation à l’hivernage.
La santé des colonies
Dans un de mes ruchers, neuf colonies présentent un couvain en mosaïque préoccupant : consanguinité, froid persistant, cires toxiques de l’année précédente, pulvérisations, maladies virales dues à la présence de varroas... ?
Le 10 juin : cages Scalvini à ces 9 colonies.
Le 18 juin : une reine morte en cage et élevage de sauveté. Les 8 autres reines sont présentes.
Le 5 juillet (non pas le 4 car il restait des mâles naissant et quelques nymphes de mâles mortes) : libération des reines et premier traitement à l’A.O. par dégouttement : il tombe peu de varroas.
Le 10 juillet second traitement à l’A.O. Les colonies sont « débarrassées » des varroas : il n’en tombe plus. Par contre, pas encore de ponte. 6 des 8 colonies semblent orphelines...
Ce 10 juillet début de traitement à l’A.O (Hive Clean ou solution préparée) sur les autres colonies. Les varroas tombent. Le traitement semble efficace et je le répète tous les 4 jours.
21 juillet : 3 Scalvini et la colonie « remérée » sont en ponte : présence d’un beau couvain serré operculé. Les 5 autres sont bourdonneuses. Réunion avec nucléi.
Quant à mes autres colonies, après un cinquième traitement (premier août) par dégouttement, il tombe toujours autant de varroas ! J’ai donc traité par flashs à l’acide formique à 85 % avec chute drastique des varroas.
En conclusion : Récolte très abondante
Scalvini pour moi est un échec (dommage car facile à employer) dont j’aimerais connaître la raison.
Le dégouttement en présence de couvain et qui ne nuit pas ou peu à son développement ne m’a pas donné de bons résultats.
Les flashs à l’acide formique 85 % qui détruisent le couvain ouvert sont très efficaces.
J’en déduis que si l’on utilise les acides pour se « débarrasser » de varroas, il faut le faire en absence de couvain... et donc, qu’il faut trouver le moyen de se débarrasser du couvain pendant un certain temps.
L’an prochain ....?????
François GODET
Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconversion Dadant 10 cadres vers des Warré auto-construites dans la Province de Namur (Belgique). A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Élève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.
Voici une question conclusive qui pourrait tout aussi bien se placer en introduction car elle pose avant tout la question des objectifs !
La réponse attendue vise prioritairement la pratique apicole. A ce niveau, mon année n’a pas été très bonne. Mes deux ruchers principaux sont à 50 km de chez moi et je me suis trouvé sans véhicule de mai à juillet. Même si mes pratiques nécessitent moins de visites et surtout moins d’ouvertures de ruches que les pratiques courantes, cela m’a posé des problèmes de logistique et de suivi des colonies. Ma récolte de miel n’a pas trop souffert mais ce qui me préoccupe d’avantage est que je n’ai pas pu diviser mes colonies autant que j’aurais dû le faire. Ces divisions sont un élément essentiel de ma lutte contre varroa et de mes cycles de rajeunissement des reines. En divisant les colonies qui ont été fortes l’année précédente (en travaillant au maximum en « essaimage accompagné »), j’introduis une rupture de ponte qui ralentit varroa et je renouvelle mes reines naturellement. Les colonies que j’aurais dû diviser cette année seront plus faibles l’année prochaine.
Je ne peux évaluer mon année apicole sans penser à ma relation aux abeilles et à l’environnement en un sens plus large. Le bilan m’apparaît ici plus positif. L’article « Questionner la relation aux abeilles », publié dans le n° 177 d’Abeilles et Cie, m’a permis d’entrer en contact avec des personnes sensibles à une approche plus en accord avec la nature des abeilles et j’ai pu partager avec elles expériences et bibliographies. Beaucoup d’informations reçues et d’échanges fructueux…
La vente du miel de mes ruches est aussi une occasion de partages avec les acheteurs. Les étiquettes très simples que j’applique sur les pots interpellent les acheteurs et permettent d’entamer une conversation. Nous parlons de miel en rayon, de propolis, de cire, de venin d’abeilles. Nous en profitons pour parler de l’appauvrissement de notre environnement et de la pression que cela met sur tous les pollinisateurs.
François RONGVAUX
Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxembourg (Belgique). Éleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.
Sortie d’hivernage et démarrage au printemps : à la visite de printemps, examen rapide de l’intérieur de la ruche (mortalité et nettoyage du plateau, humidité, moisissures…), évaluation du couvain avec parfois, la nécessité de renforcer la colonie avec un ou deux cadres de couvain (ou dans le pire des cas, une ruchette de réserve). Observation de l’activité au trou de vol et des rentrées de pollen. Rapidité de construction des nouvelles cires. Au moment de la pose de la première hausse, évaluation de la progression de la colonie.
Essaimage : velléités ou non d’essaimage : les colonies qui essaiment verront l’élimination de leur reine avant l’hiver (tout comme les reines ayant deux années de production : si elles ont été performantes durant ces deux années, elles seront éventuellement mises en ruchette pour la production de mâles l’année suivante).
Production : évidemment le critère principal du bilan. Évaluation par comparaison avec l’ensemble des colonies de production d’un rucher et en fonction des interventions (ou l’absence d’interventions, sauf opérations de récolte ou d’agrandissement).
Douceur : un critère pour la conservation de la reine de chaque colonie : la reine d’une colonie qui attaque lors d’une visite, sera éliminée à la mise en hivernage.
Ainsi que détaillé ci-avant, il faut être rigoureux et objectif dans l’évaluation de chaque colonie et remplacer systématiquement la reine de toute colonie qui s’est trop écartée des critères de performance. Un élevage de reines est bien sûr nécessaire pour disposer de reines de remplacement et maintenir l’excellence du rucher.
Jean-Paul DEMONCEAU
A découvert l’apiculture très tôt (20 colonies dès l’adolescence). Élève aujourd’hui une centaine de colonies pour la récolte de miel en transhumance. Pratique une apiculture intensive. Son objectif : un minimum de colonies de production pour une récolte maximale. Président de la section d’apiculture de la Berwinne (Belgique).
La fiche de contrôle pour chaque colonie durant toute la saison me donne déjà une bonne indication sur la valeur de la colonie (si fièvre d’essaimage il y a eu pendant les miellées et la durée, l’évaluation du couvain, le nombre de hausses de miel retirées ainsi qu’une moyenne de production, la charge en varroas après traitement...) après analyse des fiches les colonies qui ne satisfont pas voient leur reine remplacée ou si trop faible sont réunies.
Je peux confirmer un résultat très positif pour cette saison 2017 et les colonies ont de très belles populations, je suis serein et confiant pour 2018.
Que St Ambroise m’entende !
Marc EYLENBOSCH
Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon (Belgique). Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.
Pour moi, la fin de saison apicole et l’hiver sont l’occasion de faire un inventaire de la situation :
- Nombre de colonies à l’entrée de l’hiver : ai-je rattrapé les pertes de l’hiver passé ?
- Inventaire du matériel, tri des cadres à réformer.
- Nettoyage des grilles à reines, nourrisseurs, couvre cadres, chasses abeilles, ruches et ruchettes inoccupées…
- Refonte des cires d’opercules en cire gaufrées.
C’est aussi l’occasion de me tenir informé : lectures, participation aux cours, conférences…
Je participe aussi via la SRABE (Société Royale d’Apiculture de Bruxelles et environs) à des réunions d’évaluation des modèles de ruches que nous testons (ruche Kenyane et Warré).
Vivement le printemps !
Nicole RUSSIER et Bertrand THERY
Couple d’apiculteurs en Ariège (France). Ont conduit pendant 40 ans 400 ruches de 1985 à 2013 en production de miels de la flore sauvage des Pyrénées (acacia, tilleul, rhododendron, châtaignier, sapin, bruyère callune). Poursuivent leur activité mais de manière réduite aujourd’hui.
Le bilan de la saison se fait en analysant les résultats des colonies : récoltes, tendance à l’essaimage, provisions, état sanitaire. Une attention particulière est portée aux souches. Le lien entre leurs performances et celles de leurs filles est ensuite examiné. Cela permet de sélectionner les souches les plus intéressantes pour l’année à venir et d’éliminer celles qui ne sont pas suffisamment autonomes en terme de provisions et/ou qui ont une nette tendance à l’essaimage ou une sensibilité à une pathologie quelconque (mycoses par exemple).
La meilleure technique pour ce faire est d’avoir des ruches bien identifiées, de prendre des notes à chaque visite et de prendre le temps d’en faire la synthèse...!
Elisabeth BRESSON
Apicultrice professionnelle depuis plus de 30 ans dans le Gers (France). Travaille en GAEC avec son fils Benjamin depuis 2012. A l’exploitation : 500 ruches, 300 ruchettes et 150 nuclei de fécondation. Pratique l’élevage de reines. Production de miel (principalement) et d’essaims.
C’est surtout en discutant avec les collègues de différentes régions que l’on se rend compte du résultat de notre saison. Mon réseau c’est l’ANERCEA (Association Nationale des Éleveurs de Reines et des Centres d’Élevages Apicoles).