Patrice et Sophie Dugué
La Frogerie (Forgerie), 72150 Le Grand-Lucé, Pays De La Loire, France
sophie.dugue chez hotmail.fr
Tél : 02 43 86 04 53
Tél : 06 82 92 23 85
En Sarthe, non loin de la ville du Man, Le Grand-Lucé est un petit village situé en zone d’agriculture extensive, bocagère et forestière. C’est sur le pourtour du village, à la Frogerie que Patrice et Sophie Dugué se sont établis. Ils disposent là d’un grand espace et de bâtiments qui ont permis le développement de leur activité.
Le passage à l’élevage
Leur histoire est intéressante. En 1996, ils avaient 300 ruches et ne produisaient que du miel. Cette exploitation était principalement basée sur la miellée de tournesol. Les ruchers étaient situé plus au sud et l’activité apicole se développait bien. Ils sont arrivés à vendre jusqu’à 35 tonnes de miel en pots. Sont alors arrivés les problèmes sur tournesol : 60 à 70 % des récoltes normales. Ils enregistraient également de grosses pertes de cheptel. Leur première réaction a été de développer le cheptel pour atteindre 1.400 colonies afin de compenser les grosses pertes. Ensuite, résignés, ils ont abandonné leurs emplacements pour remonter dans la Sarthe. La production de miel était nettement moins importante mais les pertes également (± 8 % en hiver). Devenus maîtres dans la multiplication du cheptel, ils ont débuté la vente d’essaims en 2000. Comme Sophie avait travaillé à la FNOSAD pendant plusieurs années, l’élevage de reines a pris de plus en plus d’importance et en 2007, ils en ont commencé la commercialisation. Cela fait donc 11 ans qu’ils produisent des reines. En 2016, ils ont vendu 2.400 nucléis et 12.000 reines. Leur objectif pour 2017 était d’atteindre 3.000 nucléis et 15.000 reines. Les ventes se font par lots de 10 à 500 reines surtout en France, mais également en Espagne et en Belgique.
Ce travail d’élevage étant très chronophage, ils ont été amené à engager du personnel. Ils sont aujourd’hui à 10 sur l’exploitation dont 3 contrats à l’année et des saisonniers 6 mois par an.
Le sens de l’organisation
Au sein de l’exploitation, tout est parfaitement orchestré et chacun connait la tâche qui lui est attribuée. Rien n’est laissé au hasard. Le personnel travaille en équipe et les tâches changent au fil des semaines, favorisant ainsi la polyvalence du travail. La transmission du savoir est dès lors essentielle. La traçabilité est totale, tout doit être noté.
Au siège de l’exploitation, il y a 400 nucléis et 100 colonies dont leurs colonies d’élevage. Mais ils disposent de deux autres stations de fécondation distantes de plus de 3 kms les unes des autres et regroupant 1.600 nucléis. Leurs 600 colonies réparties en de nombreux ruchers ceinturent ces stations de fécondation. De plus, ils disposent de ruches à mâles localisées à proximité des stations de fécondation. Chacune des ruches sélectionnées pour la production de mâles a au moins 3 à 4 cadres de couvain et reçoit un cadre à mâles (cadre de corps dont le tiers inférieur est découpé). Ils pratiquent peu la transhumance. Les ruchers disposent d’un environnement riche en pollen avec de petits apports réguliers en nectar toute la saisont (mars à octobre), ce qui est important pour un bon élevage.
Ils travaillent avec des Bukfasts qu’ils ont sélectionné sur base de leur grille d’évaluation (grande production en miel, douceur, peu d’essaimage, grande résistance aux maladies (hygiéniques…)) dans l’esprit du frère Adam. L’insémination d’une centaine de reines est réservée à la sélection et aux souches d’élevage. Ils intègrent du sang extérieur en fonction des besoins.
Le début de saison va naturellement dépendre du niveau de maturité des mâles. Normalement, le premier greffage se fait le 10 avril et les cellules sont donc là le 20. L’élevage s’arrête vers les 10 - 15 août ce qui donnera des reines jusqu’au 15 septembre. Le 20 septembre, tout est en hivernage.
Les différentes opérations
Trois postes de greffage sont équipés dans le local d’accueil de l’exploitation. Le greffage se fait avec un picking chinois ce qui permet de prendre avec la jeune larve un peu de gelée royale. Chaque barrette est notée.
Les colonies éleveuses ont des reines sélectionnées pour la production de gelée royale (pas de Bukfast). Si l’élevage n’est pas bon, ils orphelinent pendant 24h. ce qui provoque une prise en charge par les abeilles. Les colonies éleveuses doivent déborder d’abeilles. En période de miellée, il faut enlever le miel sous peine d’avoir des cellules prises dans des bâtisses entre les cellules royales.
La couveuse n’est rien d’autre qu’un grand congélateur dont la température est fixée à 35°C.
Afin d’assurer une traçabilité totale, chaque cadre de hausse porte-barrettes est clairement marqué.
Les nucléis sont couplés dans des Maxi-Plus (double Mini-Plus). Chaque micro-colonie est composée de 2 cadrons de couvain et d’un cadron de réserve ainsi que d’un nourrisseur. Les
deux compartiments sont séparés par une partition sur laquelle un plastique couvre-cadre est attaché. Les demi-cadres de hausse permettent de contrôler la ponte des reines. L’hivernage se fait sans partition et sur deux hauteurs (24 cadrons). Les Maxi-Plus sont accolées et recouvertes par un toit métallique au dessus du toit en polystyrène.
Dans le rucher de fécondation les nucléis sont disposés au soleil pour augmenter les périodes de fécondation. Les supports sont placés de façon à assurer un cheminement clair pour l’apiculteur. Un panneau indique le début des colonies dans lesquelles une autre lignée a été introduite. D’autres panneaux indiquent les numéros des nucléis par série de 48 micro-colonies (1-49-97-145-…). Ceci permet de retrouver plus facilement les nucléis. Chaque station comporte des nucléis en tours sur 2 étages pour assurer une disponibilité de cadrons et d’abeilles. Un système de marquage au départ de petits plots en bois colorés permet de connaître le statut du nucléi : violet = orphelin, vert = à dépeupler, bois naturel = dépeuplé. Un toit retourné indique une colonie vide. Un porte cupule placé dans la colonie sur le côté et non au milieu indique une reine d’élevage naturel. Elle ne sera pas commercialisée mais utilisée sur l’exploitation.
Les reines sont récoltées dans des boîtes, quatre matinées par semaine. Toutes les informations sont reprises sur chaque boîte. Les lignées ne sont pas mélangées. Les reines sont accompagnée par 8 ouvrières et envoyées dans des colis postaux avec un document présentant des recommandations pour l’introduction des reines.
Comme on peut le constater, ce travail de grande qualité se fait en toute transparence. D’ailleurs, n’hésitez pas à vous rendre sur leur site qui vous donnera de nombreuses autres informations. Un tout grand merci à ces grand éleveurs pour cet accueil chaleureux.