L’apiculture elle aussi est touchée de plein fouet par ces changements.
Dans notre cas, il est vrai que le climat et ses extravagances ont des conséquences beaucoup plus lourdes pour bon nombre d’apiculteurs que le COVID 19. Ce numéro d’Abeille & Cie en fait largement écho et le week-end CARI que nous avons programmé sur le changement climatique va nous montrer les différents impacts aux quels on peut s’attendre. Ce week-end va prendre la forme d’un Focus climat, c’est à dire d’une série de vidéoconférences et d’un apport de matériel diversifié sur le sujet.
Après avoir été la sentinelle de l’environnement pour les pesticides, l’abeille nous indique clairement l’impact que peut avoir le changement climatique sur l’en semble du milieu naturel. C’est vraiment une sentinelle et on doit faire entendre son message jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir.
A côté des pertes très importantes de production, elle porte également un mes sage d’espoir plus discret mais tout aussi important si pas plus, dans ce contexte perturbé où nul ne sait de quoi demain sera fait. Notre abeille nous montre les chemins du possible en matière d’adaptation.
N’oublions pas qu’elle a réussi à s’implanter partout dans le monde et que, quel que soit l’environnement dans lequel vous la placez pour autant qu’il ne soit pas trop dégradé, elle est capable de trouver de quoi survivre et même permettre à l’apiculteur de récolter un surplus. C’est un merveilleux exemple de la capacité de la nature. On doit donc rester confiant et croire en la nature. Nos abeilles ont une grande résilience naturelle et, de plus, elles sont très mobiles. Elles peuvent ainsi se déplacer vers des environnements qui leur conviennent mieux et où elles pourront trouver une alimentation plus équilibrée et des conditions de survie moins extrêmes (cavité bien tempérée) et qui répondent au moins à leurs besoins fondamentaux comme l’accès à l’eau (voir articles sur l’estivage) ou à un environnement moins pollué.
Ainsi, aujourd’hui, on sait que la souplesse, la résilience, l’adaptation deviennent des objectifs prioritaires car rien ne sera plus comme avant. Obser vons les abeilles et leur évolution pour chercher notre chemin.
En apiculture, pourrait-on arriver à garan tir une bonne miellée chaque année et des prix rémunérateurs ? Ainsi, pourquoi tenter de tout garantir et de tout pré voir avec une politique du risque zéro ? On peut naturellement rêver à une espèce d’immobilisme où chacun tente de garder au mieux ses avantages. Cela risque cependant de générer des coûts de plus en plus importants tant financiers que sociaux et environnementaux.
Dans la panique faut-il revendre toutes ses ruches à bas prix comme s’il n’y avait plus de futur et que les colonies ne donneraient plus jamais rien ? Pourquoi se dire que ce qui nous attend sera de plus en plus noir et baigner dans un scénario catastrophe ?
Pour vivre intensément les quelques instants qui nous restent tout en générant des impacts sociaux ou environnementaux qui ne vont qu’aggraver la situation.
Déprimer et attendre la fin dans la passivité et la peur revient également à nier la force de la nature et le fait qu’après la pluie vient toujours le beau temps. N’oublions pas, c’est le fondement même de la vie.
En tant qu’apiculteur nous savons qu’il faut un certain lâcher prise et qu’il faut accepter les risques de ne rien récolter une année en espérant que l’année suivante soit meilleure. Il faut cependant analyser les raisons qui ont amené à cet échec et s’adapter si nécessaire. Si l’on constate que ces raisons risquent de se reproduire à nouveau, il faut même envisager des changements plus profonds. Mais avant tout, nous devons croire en la force de la nature et comprendre ses mécanismes pour mieux les respecter. C’est un des messages importants que nous transmettent les abeilles. Lâchons prise, restons ouverts et optimistes, de nouvelles voies s’ouvriront certaine ment à nous. Observons et écoutons les abeilles, nous en avons plus que jamais besoin aujourd’hui.