Cet ancien ingénieur civil, sorti de l’Ecole Nationale Supérieur d’Arts et Métiers de Paris, conserve de sa formation une grande curiosité pour la technologie et un esprit porté à la remise en question. Apprendre de ses erreurs. Comprendre et rectifier. Apprendre du passé.
Cet Auvergnat, qui a conservé l’accent de sa région en dépit de plus de 40 ans passés en Belgique, peut être vu comme un voyageur en quête d’histoire. Il a avalé les kilomètres et remonté le temps pour remettre en lumière les vestiges de l’apiculture : vieux ruchers, murs à abeilles, ruches placards, pratiques apicoles ancestrales… Il est généreux en anecdotes et en petites récits de ses « chasses au trésor ». On l’écouterait pendant des heures sans se lasser tant il a l’art de transmettre sa passion. Ce nostalgique est pourtant bien ancré dans le présent de l’apiculture et ses contingences. Il enseigne à la Fédération de Liège et a encore quelques colonies d’abeilles du pays qu’il élève dans des ruches Voirnot près de la Baraque Fraiture.
L’apiculture est chez lui affaire de transmission. Ses deux grands-mères auvergnates étaient apicultrices. Son père instituteur gardait une ruche dans le grenier de son école et les enfants devenaient ainsi familiers des abeilles. Lui-même a commencé à « être dans les abeilles » en ramassant des essaims qui venaient près de chez lui. Quant à son intérêt pour l’apiculture ancienne, difficile d’en trouver les raisons. N’est-ce pas ce petit article sur les vieux ruchers du midi de la France dans La Belgique Apicole qui a titillé sa curiosité en premier ? S’il y en a là, il y en a en Auvergne s’est-il dit. Et la quête a démarré pendant son temps libre, lorsqu’il rentrait dans sa famille. La première découverte a été le mur à abeilles du Château de Sarlant à Yronde, dans le Puy-de-Dôme. Puis, d’aventures en aventures, les recherches se sont portées sur d’autres régions de France mais aussi ailleurs, en Espagne, au Portugal, à Malte, en Grèce, en Turquie, au Maroc, en Egypte et, bien sûr, en Belgique. La passion de Gaby Roussel ne s’est jamais tarie et ses archives, tout comme ses connaissances, sont toujours en pleine croissance.
RUCHERS ANCIENS
Ruchers pavillons, ruches placards, enclos à ruches, murs à abeilles, étagères à ruches… Bien souvent, la conception des anciens ruchers, fascinants à bien des égards, ne devait rien au hasard. Les ruchers pavillons permettaient à l’api culteur un travail confortable, assis et abrité. Les murs à abeilles étaient orien
tés au sud et protégeaient les abeilles des vents dominants. De cette façon, le rapport température/humidité était récolte de cire et de miel étaient faites depuis les habitations. Notons que les animaux domestiques étaient très souvent associés aux ruchers : on ne compte pas le nombre de ruchers-poulaillers, de ruchers-porcheries et, surtout, de ruchers-pigeonniers…
L’apiculture était complètement intégrée dans la vie rurale. D’autres animaux étaient tenus à l’écart par des enclos en pierre bâtis autour des ruches. Un mur de 1 mètre de haut suffisait pour empêcher l’accès aux moutons. 2 mètres de haut assuraient la protection contre les vaches et les chèvres. Les enclos de 3 mètres de haut protégeait les ruches du plus noble des prédateurs : l’ours.
CULBUTAGE ou ETOUFFAGE
Contrairement aux idées reçues, l’étouffage des ruches (avec une mèche de soufre) était loin d’être systématique et assez peu pratiqué. On préférait le transvasement d’une ruche à une autre, le culbutage, qui préservait les colonies et assurait une meilleure récolte de miel. Pour récolter la cire, l’étouffage était plus efficace mais a été interdit au début du XX° siècle en raison de sa cruauté. L’utilisation des ruches modernes à cadres mobiles ont rangé ces pratiques dans les archives de l’apiculture.
Apistoria est une association de droit international créée en 2002. Ses membres, répartis dans plusieurs pays européens, sont passionnés par l’histoire de l’apiculture et ont développé une expertise certaine. Ils recherchent des vestiges apicoles, contribuent à leur conservation et réfléchissent aux raisons d’être des pratiques apicoles anciennes.
L’association édite les Cahiers d’Apistoria. Pour soutenir leur travail, vous pouvez vous faire membre de l’associa tion (40 € / 50 € pour un couple).