VOYAGE 4 : Ecole de Banská Bystrica, une formation professionnelle d’exception

Etienne BRUNEAU


Sur le haut de Banská Bystrica se trouve une école de la ville spécialisée en agrotourisme et en services ruraux. On peut y suivre des formations professionnelles diverses comme la boucherie, la boulangerie, la pâtisserie, le tourisme mais également des cours d’apiculture. L’établissement scolaire reçoit ainsi chaque année 450 élèves. L’apiculture est une formation de deux ans et une soixantaine d’élèves suivent les cours en semaine car l’école offre aussi des formations durant les week-ends et les périodes de congé scolaire. C’est le centre de formation apicole du pays et de nombreux apiculteurs viennent y suivre des cours de base ou de perfectionnement durant les week-ends. Il s’y forme 250 nouveaux apiculteurs tous les ans.


Nous avons été particulièrement étonnés de voir le matériel mis à la disposition des élèves : atelier menuiserie, atelier cire, atelier élevage de reine, miellerie, ruchers… et un petit magasin où ils peuvent trouver tout le matériel nécessaire pour un jeune apiculteur. Durant les cours, chaque étudiant doit fabriquer une ruche Dadant et une Langstroth dans la menuiserie très bien équipée. Les élèves comprennent ainsi l’importance à accorder à certains détails au niveau de la fabrication. Ils travaillent au départ de bois de pin. Les cadres sont montés avec des fils horizontaux et la latte du bas est rainurée pour permettre le passage d’une feuille de cire. Ils produisent également d’autres matériels comme des caisses pour récolter les essaims. Dans l’atelier cire, ils vont apprendre à produire leurs propres feuilles de cire gaufrée au départ de brèches refondues. Le laminage se fait en deux passages : un premier avec le rouleau lisse pour affiner les pains de cire et le second pour produire la feuille alvéolée que nous connaissons. Dans un local proche, ils disposent d’une couveuse et d’un poste équipé pour l’insémination artificielle, matière enseignée dans les cours d’élevage au programme. Dans l’école, un grand local à côté de la menuiserie est destiné au travail des produits de la ruche. Cette miellerie a fait rêver plus d’un apiculteur lors de notre visite. Hormis les différents extracteurs (centrifuges et tangentiels), ils ont pratiquement tout le matériel dont dispose un apiculteur professionnel bien équipé : pompes, filtres, déshumidificateurs, malaxeurs, petite chaîne de mise en pots. Les étudiants peuvent ainsi voir le fonctionnement et l’utilisation des différentes machines.


L’école dispose de plusieurs ruchers situés dans le jardin de l’école et à plusieurs dizaines de kilomètres dans des environnements différents. Ils conduisent près de 150 colonies. Le rucher d’une dizaine de colonies situé à l’avant de l’école leur permet de réaliser certains tests comme l’étude d’efficacité de produits de traitement de la varroase (par ex. : acide oxalique imbibé dans la glycérine ou l’émetteur à ultrasons) ou encore les performances d’un système de nourrissement automatique.

A l’arrière du bâtiment, ils ont un autre petit rucher consacré à l’apithérapie et plus particulièrement à l’Apiair. C’est un petit chalet (apihouse) où l’on peut se coucher sur quatre colonies et où l’on respire l’air des ruches. C’est un élément important pour l’apitourisme. Un troisième rucher est là pour les cours.


Ils disposent d’un camion plateau équipé d’un bras de levage ainsi qu’une remorque spécialement conçue pour transporter des ruchers sur support collectif. Le plateau de la remorque est équipé de vérins qui soulèvent le support collectif. Le plateau redescend une fois que le support est bien fixé au sol avec ses béquilles télescopiques et la remorque peut se dégager pour aller déplacer un autre rucher sur support. Ce système remplace les vieux camions qui ne peuvent plus passer au contrôle technique.

En plus de leurs ruchers, ils travaillent avec certains apiculteurs pour assurer un suivi de la situation par exemple en matière de varroase. Nous avons ainsi visité un rucher couvert situé à une dizaine de kilomètres de l’école dans un environnement forestier. Pour le comptage des varroas, l’école distribue aux apiculteurs des feuilles autocollantes pré-grillagées ce qui facilite le comptage des acariens.


Le directeur de cette école est très dynamique et est toujours à la recherche d‘innovations. C’est dans cet esprit d’ouverture qu’ils ont accueilli la rencontre internationale des jeunes apiculteurs (IMYB – International meeting of young beekeepers) en 2015. Chaque équipe en concurrence était composée de trois enfants de 9 à 16 ans provenant de chaque pays et de deux adultes pour les div class="encadre"><pr. Pendant plusieurs jours, ceux-ci ont été confrontés à des épreuves techniques et à des questions théoriques sur l’apiculture. Cette même initiative s’est déroulée l’an dernier en France et sera à nouveau organisée dans cette école cette année.

La visite de cet établissement va certainement donner des idées à plus d’un formateur. Nous tenons à les remercier pour leur accueil chaleureux et leur totale ouverture.